L'heure est au bilan. Cette année 2010 a été marquée, du côté des gouvernants et des riches, par une succession de scandales.
Le dernier en date concerne un des plus importants laboratoires pharmaceutiques de France et son propriétaire, une des plus grosses fortunes du pays.
Sarkozy remettant à Servier la légion d'honneur en 2009 |
Pendant plus de trente ans, ce laboratoire a mis en vente un médicament destiné aux diabétiques, dont des spécialistes dénonçaient à la fois l'inefficacité et surtout la nocivité, et on nous dit aujourd'hui qu'il a provoqué au moins cinq cents, voire deux mille morts.
Les avertissements des experts n'ont pas fait réagir les autorités au plus haut niveau. Les ministres de la Santé successifs ont laissé prescrire ce médicament dangereux. Il faut dire que Servier est un patron proche du pouvoir et qu'il a dû abondamment remplir les caisses de la droite...
Le scandale qui a précédé celui de Servier et du Mediator a mis en évidence, encore plus directement, les attaches entre le monde des affaires et les milieux politiques. Il a mis au grand jour les liens existant entre Madame Bettencourt, une des premières fortunes de France, et l'UMP.
Un petit coin du voile a donc été levé, laissant entrevoir, derrière le décor que l'on présente comme la démocratie, ceux qui tirent les ficelles, qui font les choix réels, qui décident de l'essentiel : ces milliardaires, ceux qui, comme madame Bettencourt ou Jacques Servier, ont été pris la main dans le sac, parce qu'ils se sont retrouvés au centre d'affaires peu ragoûtantes. Mais ce n'est qu'une toute petite partie de l'iceberg, car c'est toute l'économie, toute la société qui fonctionne de cette façon.
Un des enregistrements de l'affaire Bettencourt
Mais le plus grand scandale n'est pas dans ces enveloppes substantiellement garnies, destinées à alimenter les caisses de l'UMP, distribuées par la propriétaire de L'Oréal, ni dans le fait que Servier ait pu amasser des millions d'euros en bénéficiant de silences complices aux dépens de milliers de patients.
Le plus grand scandale réside dans le fait que, malgré la crise, ceux qui l'ont provoquée, en premier lieu les banquiers, ont continué à engranger des milliards de profits à travers le monde. Et le comble, c'est que ces banques et ces organismes financiers, qui étaient il y a deux ans au bord de la faillite, ont été renfloués par les centaines de milliards d'euros ou de dollars versés par tous les grands États.
Manifestation en Grèce début 2010 contre les mesures d'austérité |
C'est avec ces milliards que les organismes financiers continuent à spéculer de plus belle, en prenant pour cible la dette des États. Sans se soucier le moins du monde des conséquences que cela peut avoir pour les populations, sans se soucier des risques qu'ils font prendre à la société.
On a d'ailleurs déjà pu en mesurer les effets dans des pays comme la Grèce, l'Irlande, le Portugal et l'Espagne.
Chaque jour, il devient de plus en plus urgent de mettre un coup d'arrêt à cette dérive. Il ne faut rien espérer des gouvernements en place. Ni en France, où règne la droite, ni en Espagne ou en Grèce, où ce sont des socialistes qui dirigent les gouvernements. Ces majorités, par-delà les étiquettes dont elles se parent, appliquent les mêmes politiques d'austérité, réduisant les salaires, les retraites, les quelques droits sociaux qui subsistent encore.
...et à Paris en Octobre 2010 contre les attaques sur les retraites |
Oui, il est plus que temps de bloquer l'offensive que le patronat et les gouvernements, qui lui sont totalement dévoués, mènent contre le monde du travail, à l'échelle de tous les pays. Les travailleurs en ont les moyens !
Car, puisqu'on en est à l'heure des bilans, il faut y mettre, en positif cette fois, la lutte des salariés qui, en France, ont tenu la dragée haute au gouvernement Sarkozy-Fillon-Woerth, qui pensait faire passer sa réforme des retraites sans coup férir, comptant sur la majorité dont il dispose à l'Assemblée pour qu'elle soit votée.
Ces prétendus élus du peuple ont pu voir le peuple réel dans les rues, pendant plus de deux mois. Certes, la réforme est finalement passée, mais le monde du travail a su relever la tête, il a pu prendre conscience de sa force et de ses capacités à résister aux mauvais coups qui se préparent contre lui.
C'est cette leçon qu'il faut retenir : oui, les travailleurs ont les moyens de résister et même d'inverser le rapport de force en leur faveur !
Arlette LAGUILLER
Éditorial des bulletins d'entreprises du 27 décembre
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