mardi 29 décembre 2015

Hollande : de déchéance en déchéance

Editorial des bulletins d'entreprise du 28/12/2015
 
   Le Pen en avait rêvé, Sarkozy l’avait promise, eh bien Hollande l’a fait ! En décidant d’inscrire la déchéance de la nationalité pour les binationaux nés en France coupables d’actes de terrorisme dans la constitution, comme il s’y était engagé lors de la réunion du congrès à Versailles, Hollande fait, en cette fin d’année, un calcul bassement politicien.
  
   Cette mesure, marquée à droite, a toujours été dénoncée par la gauche comme une violation du droit du sol et du principe d'égalité. Elle crée des Français de seconde catégorie, ceux nés en France mais qui ont une seconde nationalité de par leurs origines qui auraient à « mériter » d’être Français, quand les Français « de souche » n’ont eu qu’à se donner le mal de naître ici. Elle jette la suspicion vis-à-vis des immigrés en entretenant l’amalgame entre eux et les terroristes.
   Tout le monde en convient : la déchéance de la nationalité ne dissuadera aucun terroriste. Elle est, sur le plan sécuritaire, complètement inefficace. Et Hollande lui-même le dit, c’est un « symbole ».
    Ce serait, d’après Hollande « le symbole de l’unité nationale » puisqu’un gouvernement dit de gauche reprendrait à son compte une mesure de droite. Hollande donne un coup de pied de l'âne à Sarkozy qui avait brandi la déchéance de la nationalité en 2010 sans jamais la mettre en place, mais il parle « d’unité nationale » ! C’est tout l’art de politiciens tels que Hollande que de transformer une mesure et une  manœuvre politicienne en vertu politique.
 
   Hollande cherche à se poser en père de la nation, en chef de l’Etat, au-dessus des partis et loin des querelles partisanes. Pour couper l’herbe sous les pieds de la droite et de l’extrême droite, il exploite au maximum la peur du terrorisme et le filon sécuritaire. Lui qui demandait, il y a peu, d'être jugé sur ses résultats en matière de chômage, a trouvé un fonds de commerce électoral jugé plus rentable pour 2017.

lundi 28 décembre 2015

Les combats pour l’émancipation des femmes et le mouvement ouvrier


Grève des ouvrières de l'usine d'Herstal en Belgique en 1966

Conférence du Cercle Léon Trotsky
Vendredi 8 janvier

20H30 Grande salle de la Mutualité

24, rue Saint-Victor, Paris 5e
Métro Maubert-Mutualité

Participation aux frais : 3 euros



jeudi 24 décembre 2015

SNCF : Un mauvais coup contre les usagers

   La SNCF supprime les fiches papier des horaires de TGV. Elle fait des économies. Elles ne sont pas forcément énormes, mais cela va se traduire par une gêne, conséquente elle, pour les usagers.

   La SNCF dit qu’elle a mis tous ses horaires en « open-data ». Mais une personne sur trois n’a pas de smartphone et une sur quatre n’a pas Internet chez elle. Et puis bien des autres ne peuvent se passer d’horaires sur papier. Comment feront ces usagers ?

    Ce n’est pas le souci de la SNCF. Ni de l’État, qui laisse se dégrader les services publics, quand il n’organise pas lui-même cette dégradation.

dimanche 20 décembre 2015

Manifestation en faveur des migrants Paris le 19 Décembre 2015

Présence de Lutte Ouvrière pour exprimer notre solidarité.


Mory-Ducros : la loi des licencieurs



    Le Conseil d’État vient de confirmer l’annulation définitive du premier plan de licenciements chez Mory-Ducros. C’est le gouvernement, alors piloté par Montebourg, qui avait donné son feu vert à ce plan de licenciements touchant des milliers de salariés, accompagné de subventions généreuses à l’employeur licencieur censées garantir l’emploi.  
  
   À la suite de ce jugement, les salariés auront droit à des indemnités, dont le tribunal des prud’hommes devra fixer le montant.

   En 2013, le gouvernement Ayrault avait promulgué une loi qui retirait aux Prud’hommes la responsabilité de juger si un plan social, c’est-à-dire un plan de licenciements, respectait ou non les obligations légales. Ce rôle fut alors confié aux représentants du ministère du Travail, sous le contrôle direct du gouvernement. La justice administrative était du coup seule habilitée à valider ou casser les décisions ministérielles.
   Ce faisant, le gouvernement espérait rendre la justice plus compréhensive vis-à-vis des patrons. Mais la violation des lois protégeant encore les salariés était si grossière dans l’affaire Mory-Ducros que le tribunal administratif a annulé l’autorisation du ministère. D’ailleurs, quelques mois plus tard, une fois l’argent encaissé, l’employeur avait mis définitivement la clé sous la porte, en faisant payer encore une fois les licenciements par la collectivité.

   Cependant, dès la décision d’annulation du tribunal administratif et sans attendre même l’issue de son recours au Conseil d’État, le gouvernement avait décidé de supprimer ce maigre obstacle aux volontés patronales. Il a fait ajouter aux lois Macron un article qui prévoit que, si la justice administrative annule la validation d’un plan de licenciements accordé par le gouvernement et ses ministres, cela sera sans effet pour les salariés. Ceux-ci ne pourront prétendre ni à réintégration ni à indemnités, même pour des licenciements jugés illégaux par la justice administrative.

   Cette dernière loi ne pouvant pas encore s’appliquer à leur cas, les salariés de Mory-Ducros seront peut-être les derniers à avoir pu voir la violation de leurs droits indemnisée grâce à une action en justice. Qui dit que le gouvernement n’agit pas ?
 
Article du journal Lutte Ouvrière du 18 Décembre
Paul SOREL

samedi 19 décembre 2015

Loi Macron : les travailleurs handicapés sont touchés

Article du journal Lutte Ouvrière du 18 Décembre 2015
   Parmi tous les mauvais coups que comporte sa loi, Emmanuel Macron ne pouvait manquer d’en réserver un aux handicapés. De nouvelles possibilités sont désormais offertes aux patrons pour s’affranchir de leurs obligations vis-à-vis de cette catégorie de travailleurs.
  

Macron Gattaz
Les entreprises de plus de vingt salariés doivent, ou plutôt devraient, employer 6 % de personnes handicapées. Elles n’en emploient en fait que la moitié, préférant payer des pénalités financières.   
    Avec la loi Macron, les stages accomplis par des collégiens et des lycéens handicapés pourront être pris en compte jusqu’à 2 % de l’effectif. Il en sera de même des stages de « mise en situation professionnelle » dont peuvent bénéficier les demandeurs d’emploi. Et cela bien que ces stagiaires ne soient pas payés par l’employeur ni même comptés dans les effectifs de l’entreprise.

   Le Medef s’en est réjoui et a déclaré que cette mesure était « de nature à favoriser l’accès des jeunes en situation de handicap à l’entreprise ». Quelle hypocrisie ! Si tous les jeunes ou tous les chômeurs qui ont fait un stage avaient été embauchés, cela se saurait. Avec des stages se succédant les uns aux autres, les patrons pourront simplement dire qu’ils remplissent leurs obligations et diminuer leurs pénalités sans pour autant rémunérer de travailleur handicapé.

    La situation des demandeurs d’emplois handicapés est dramatique. Leur taux de chômage est aujourd’hui de 21 %, le double du reste de la population. Mais le gouvernement n’hésite pas à accroître encore leurs difficultés pour donner satisfaction aux patrons.
Daniel MESCLA

vendredi 18 décembre 2015

Smart : des patrons maîtres-chanteurs

   Depuis des semaines, la direction de l’usine Smart à Hambach cherche à faire accepter l’augmentation du temps de travail à 39 heures payées 37, la suppression des RTT, mais aussi des samedis travaillés obligatoires. Le groupe Mercedes, auquel l’usine appartient, est florissant, mais les patrons en veulent toujours plus.

   La dernière tentative a consisté à envoyer à chaque salarié un avenant à son contrat de travail, qu’il devait renvoyer signé, tout en menaçant de délocaliser l’usine si une majorité de salariés ne s’inclinait pas. La direction se vante d’avoir fait céder 90% du personnel à son chantage. Mais quelle valeur a une signature obtenue en mettant un couteau sous la gorge ? Elle n’engage en rien des travailleurs qui n’ont, espérons-le, pas dit leur dernier mot.

   Les attaques de la direction de cette entreprise concernent l’ensemble du monde du travail, car le patronat dans son ensemble va sûrement utiliser cet exemple comme un ballon d’essai.

mercredi 16 décembre 2015

Smic : une augmentation dérisoire !

   Le gouvernement a annoncé une hausse de 0,6% du Smic au 1er janvier. En 2016, un smicard ne touchera que 6 euros nets de plus par mois.  
   "Dans le contexte actuel, nous considérons qu'un « coup de pouce » n'est pas la meilleure solution pour augmenter le pouvoir d'achat compte tenu de ses effets sur le coût du travail et donc l'emploi", a déclaré la ministre du Travail Myriam El Khomri. En effet, avec une somme aussi dérisoire, ça ne risque pas !

   Si le gouvernement voulait absolument nous prouver que, quelles que soient les circonstances, il continuait à se faire le défenseur des intérêts du patronat, il ne pouvait pas faire mieux.

Pour mémoire l'évolution du montant du smic horaire brut ces dernières années

1er janvier 20129,22 €
1er juillet 20129,40 €
1er janvier 20139,43 €
1er janvier 20149,53 €
1er janvier 20159,61 €

lundi 14 décembre 2015

Chaud devant !

    Fabius, le gouvernement et les négociateurs de la COP21 se déclarent satisfaits : l'accord dit historique sur le climat a finalement été conclu. Il est, paraît-il, contraignant et devrait maintenir le réchauffement climatique en deçà de 2 degrés. Mais comment et à quelle échéance ?

   Des scientifiques et des ONG estiment qu'on s'achemine en fait vers une hausse de 3 degrés, et nulle sanction contre les États n'est prévue en cas de non-respect de leurs engagements.
   L'expérience du passé montre qu'ils ont malheureusement raison de se montrer sceptiques.
   Les capitalistes qui dirigent la planète pourront continuer à polluer à peu près comme ils veulent. Et dans 10 ou 15 ans, on aura oublié Fabius, le gouvernement et la COP21.

Ci dessous, en vidéo l'exposé de Lutte Ouvrière  lors du cercle Léon Trotsky, docks d'Aubervilliers le 09/10/2015.

Le réchauffement climatique un révélateur de l'irresponsabilité du capitalisme (Cercle Léon Trostky part.1)

Le réchauffement climatique un révélateur de l'irresponsanbilité du capitalisme (Cercle Léon Trostky part.2)




Conseil d’État d’urgence

    Durant la COP21, le gouvernement a, au nom de l'état d'urgence, assigné à résidence sept militants écologistes. N'ayant rien à voir avec le terrorisme, ils ont saisi le Conseil d'État... qui a approuvé le gouvernement, bref, l'arbitraire policier.
    Ces écologistes en font les frais. Demain, à qui le tour ? Aux grévistes et salariés combattifs ?
    Ce que vise le gouvernement quand il veut inscrire l'état d'urgence dans la Constitution, c'est empêcher l'expression de toute voix discordante.

dimanche 13 décembre 2015

Après le deuxième tour des élections régionales

Communiqué Lutte Ouvrière
13/12/2015
   Bien qu’en situation de l’emporter dans au moins trois régions, le Front national n’est parvenu  à en conquérir aucune. Comme le montre la participation en hausse, il y a eu, dans toutes les régions, un réflexe de rejet du Front national.
   Dans l’éventail des partis bourgeois, le FN est le plus réactionnaire qui soit. Il distille le poison de la division dans le monde ouvrier et une fraction importante de l’électorat en est consciente.
Parmi ceux qui craignaient que le FN prenne une région, c’est donc un soulagement, mais un soulagement qui risque d’être de courte durée.
   Il faudrait être naïf pour croire que la victoire d’Estrosi en Paca ou celle de Bertrand dans le Nord protège les habitants de ces régions des idées crasses du FN. Si le Front national ne l’a pas emporté au second tour, il atteint dans toutes ces régions des scores très élevés.
   La montée du FN pèsera sur la vie politique et sociale. D’autant plus que la droite comme le PS en amplifieront la pression, engagés qu’ils sont dans la compétition pour regagner l’électorat du FN, en reprenant son discours sécuritaire et réactionnaire.

   Le PS se félicite d’avoir fait barrage au FN en retirant ses listes dans le Nord-Pas-de-Calais Picardie et en Provence Alpes Côte d'Azur et en appelant à voter pour la droite, y compris dans le Grand Est où le notable socialiste avait, contre les consignes du PS, refusé de se faire harakiri. Et, tout cela, au nom de la défense des valeurs de la République.
   Elle est belle, leur République, qui ne laisse à l'électorat que le choix entre la droite et l'extrême droite, c'est-à-dire entre pire et pire encore ! Elle est belle leur démocratie où le summum du courage politique est d’abdiquer et de renier ses idées !
   Même la direction du PC s’est couchée devant les hommes de droite. Pendant des années, elle a expliqué qu’il fallait à tout prix « battre la droite ». En 2012, pour battre Sarkozy, elle a appelé à voter Hollande au second tour de la présidentielle. Et voilà qu'elle vient de contribuer à faire élire un Estrosi et un Bertrand, deux hommes de droite parmi les plus détestables !
Et faut-il rappeler que la gauche gouvernementale avait déjà appelé à voter Chirac en 2002 en brandissant la nécessité de faire barrage à Le Pen qui n'avait pourtant, à l'époque, aucune chance d'être élu ?
    De trahison en abdication, la gauche a fini par déboussoler et écœurer son propre électorat. Une majorité de cet électorat populaire a pris l'habitude de se réfugier dans l'abstention.  Mais une minorité croissante a remplacé ses illusions dans les partis de gauche par celle, plus grave, du FN.
Le Front National se pose en alternative alors qu'il n'a rien d'autre à vendre, comme programme politique, que son chauvinisme, sa haine de l'étranger et ses préjugés crasses. Pour le reste, il aspire, comme les autres, à gouverner pour le compte du grand patronat et des banquiers. Car malgré ses slogans démagogiques en direction des travailleurs, il est d’abord et avant tout un défenseur de l’ordre bourgeois.

   Un des pires poisons que la gauche gouvernementale a distillés depuis des décennies parmi le monde du travail, c'est l'espoir qu'ils peuvent changer leur vie en votant bien. Là est la tromperie fondamentale. Le sort des travailleurs ne dépend pas des pantins que les exploités ont le droit d’élire et qui s'agitent sur le devant de la scène politique. Il dépend du pouvoir de la grande bourgeoisie, de ceux qui détiennent le capital et dominent la vie économique.
   Les partis qui ne combattent pas cet ordre social, le pouvoir du grand patronat et de la finance ne peuvent que trahir les promesses qu'ils font aux classes populaires. C'est ainsi de tout temps, et plus encore en cette période de crise de l'économie capitaliste où cette minorité ne peut prospérer qu'en poussant encore plus les exploités dans la pauvreté.

   Alors, il n'y a ni à se réjouir ni à s’attrister de ce énième épisode électoral. La force des travailleurs n'est pas dans les urnes, mais sur le terrain, dans les entreprises qu’ils font fonctionner, dans les quartiers populaires. Leur sort ne dépend pas de résultats électoraux, mais de leur capacité à se battre collectivement avec leurs armes de classe, les grèves et les manifestations.
    Individu par individu et, même, entreprise par entreprise, les travailleurs ne font pas le poids face à la puissance du grand capital. Tous ensemble, ils représentent une force invincible. Mais ils ne peuvent se battre efficacement que s'ils rejettent toute illusion dans les politiciens de la bourgeoisie et s’ils savent clairement qui sont leurs ennemis, même lorsqu'ils se déguisent en faux amis. C'est de cette prise de conscience des travailleurs que dépend leur capacité à se défendre contre les attaques de la grande bourgeoisie et à mettre fin au règne du capital.

vendredi 11 décembre 2015

La montée du Front national : expression de la société capitaliste en crise

Article de l'hebdomadaire Lutte Ouvrière 09 Décembre 2015

   Plus que ses résultats en pourcentage, c’est la progression du nombre de votants pour le FN qui est importante. De 2 223 808 aux élections régionales en 2010, le nombre de votants pour le FN était passé à 4 672 932 aux européennes de 2014. Aux régionales du 6 décembre, ce nombre a atteint 6 004 482.
   C’est l’augmentation continue depuis plusieurs années du nombre d’électeurs qui pèse sur la vie sociale et politique avant même que l’on sache si le FN parviendra, ou pas, à conquérir l’exécutif d’une ou plusieurs régions.
    Cette croissance combine deux évolutions de nature différente. Elle résulte de la recomposition de l’électorat de droite, en gros la petite bourgeoisie, nombreuse dans ce pays, des commerçants, petits patrons, artisans, possédants en tout genre et cadres plus ou moins haut placés dans les entreprises. Des électeurs qui votaient auparavant pour les grands partis de droite, déçus du passage au pouvoir de ces partis, dégoûtés par les guerres de chefs, se sont, dans ces élections, massivement tournés vers le FN.
   Il y a depuis longtemps un système de vases communicants entre l’électorat de droite et celui d’extrême droite. Sarkozy se vantait, en 2007, d’avoir réussi à « siphonner » l’électorat d’extrême droite pour se faire élire. Depuis plusieurs élections, c’est le FN qui « siphonne » l’électorat de l’ex-UMP, Les Républicains.
   Cela montre qu’il n’y a pas une muraille de Chine entre la droite et la droite extrême, ni pour ce qui est des chefs, ni pour ce qui est de l’électorat. D’autant plus lamentables sont les déclarations des dirigeants du PS qui ont choisi le soir même de leur débâcle du premier tour de se retirer devant les listes de droite en les présentant, toute honte bue, comme des remparts contre le FN…
Cette évolution de l’électorat de droite vers l’extrême droite est un des aspects de l’évolution réactionnaire de la société. Ce n’est pas le plus important.
   Plus pesante est pour l’avenir cette autre évolution qui fait qu’une partie de l’électorat ouvrier, après avoir été déçue, trahie par les grands partis réformistes pour lesquels elle avait l’habitude de voter, s’est tournée vers le FN.

L’écœurement de l’électorat ouvrier

  Bien sûr, l’écœurement de l’électorat ouvrier à l’égard des partis qui prétendaient le représenter dans le passé s’est manifesté, dans ces élections régionales comme dans les précédentes, bien plus par l’abstention que par le vote FN.
   Dans les quartiers ouvriers, le vote pour le FN côtoie une abstention importante. Derrière la stabilité du taux d’abstention global se cachent des différences importantes. De 47,70 % à Neuilly, ce taux est de 71,71 % à Aubervilliers, 72,89 % à Bobigny, 75 % à Vaulx-en-Velin ! Et ces taux ne tiennent pas compte de ceux qui ne sont même plus inscrits sur les listes électorales, sans parler de ceux, nombreux parmi les travailleurs, qui n’ont pas le droit de vote.
   Mais la politique, comme la nature, a horreur du vide. En l’absence d’une force capable de porter la perspective politique propre à la classe ouvrière et en l’absence de conscience de classe, le FN apparaît comme porteur d’espoir, en vertu de l’illusion que comme « on ne l’a jamais essayé », il ne peut pas être pire que les autres.
   Ceux qui expliquent le succès du FN par des raisons circonstancielles comme les attentats ou la « crise des migrants » se trompent. Ces événements ont joué un rôle de catalyseur. Mais l’accroissement de l’influence électorale du FN est continu depuis longtemps. Faut-il rappeler qu’en 2002, cet électorat avait propulsé Le Pen père au deuxième tour, en éliminant au premier tour Jospin, le Premier ministre socialiste d’alors ? À l’époque déjà, toutes les bonnes âmes de « gauche » justifiaient leur soutien à l’homme de droite Chirac en affirmant que ce vote « républicain » ferait barrage au Front national… On a vu ce qu’il en était dix ans après, à la présidentielle de 2012, où plus de 6 millions d’électeurs s’étaient prononcés pour Marine Le Pen, 1,6 million de plus que pour son père !
   En remplaçant au fil du temps le drapeau rouge de la classe ouvrière par le drapeau tricolore souillé de la bourgeoisie, l’Internationale par la Marseillaise, en prônant l’identité des intérêts des travailleurs avec ceux de leur bourgeoisie nationale à la place de l’identité des intérêts des prolétaires de tous les pays, en banalisant parmi les travailleurs quelques-unes des idées les plus crasses de la société bourgeoise, du chauvinisme jusqu’au racisme, les partis réformistes, PC en tête, ont une responsabilité écrasante dans le fait de brouiller les références de la classe ouvrière et de miner sa conscience de classe. Les périodes de gouvernement du PS avec la participation du PC, sous Mitterrand puis derrière Jospin, ont fait le reste. Cette servilité à l’égard du grand patronat, c’était donc cela, la politique socialiste, adoubée par un parti qui se disait communiste ?
   Le FN n’a pas seulement tiré profit de l’écœurement provoqué dans la classe ouvrière par la politique de la gauche au pouvoir, il n’a eu qu’à reprendre à son compte et pousser à l’extrême quelques-unes des idées réactionnaires réintroduites dans la classe ouvrière par les partis réformistes, PC en tête.
   Et la crise de l’économie capitaliste, l’explosion du chômage, le désespoir des masses populaires, ont offert le terreau sur lequel la collection de préjugés du Front national, le néant de ses idées, ont pu se transformer en espoir de changement aux yeux d’une fraction des classes populaires.

L’expression d’une crise profonde

  La croissance de l’influence du FN parmi les travailleurs, conséquence du recul de la conscience de classe, en est devenue un facteur aggravant. Sa montée électorale aux régionales est incontestablement une des manifestations de la désorientation de l’électorat populaire et de la perte de repères de la classe ouvrière.
  Mais, bien au-delà, elle exprime la crise profonde de la société capitaliste. Une crise économique, sociale et politique qui se reflète dans le chômage de masse, dans le parasitisme sans précédent de la finance, dans la décomposition avancée de la société, dans les politiques guerrières, dans le terrorisme. Aussi variées que soient ces expressions, elles ont toutes les mêmes racines et elles s’alimentent mutuellement.
  Le parlementarisme bourgeois, avec ses partis qui se relaient au pouvoir pour défendre par des moyens dits civilisés la domination de la bourgeoisie, ne fonctionne – et, encore, seulement dans quelques dizaines de pays impérialistes riches – que dans des périodes où l’économie, basée sur l’exploitation, roule tant bien que mal.
  Ce n’est plus le cas. La crise de confiance de l’électorat dans les partis traditionnels et, partant, dans le système de l’alternance parlementaire lui-même se généralise en Europe. La montée du FN ne consacre pas seulement l’enterrement du bipartisme au profit du tripartisme. Ce n’est, en fait, qu’une ultime tentative de remplacer l’alternance gauche-droite par une alternance FN-partis traditionnels.
   Mais cette nouvelle illusion dont la société bourgeoise voudrait gaver l’électorat populaire ne pourra pas durer. Le FN ne peut évidemment guérir aucun des maux de l’ordre capitaliste qu’il sert, comme les autres partis. Il ne peut que les aggraver. Sa percée électorale est le dernier avatar du parlementarisme bourgeois. Il est le signe que celui-ci, basé sur le mensonge en haut et la crédulité en bas, est moribond.

Un système capitaliste sans avenir

   En guise de vie politique, le système capitaliste n’a rien d’autre à proposer dans un pays comme la France, qui fait partie des puissances impérialistes les plus riches de la planète avec son passé et sa civilisation, qu’une formation politique qui trouve toutes ses idées dans les poubelles de l’histoire : racisme, misogynie, repliement dans un communautarisme identitaire, haine des autres, étouffement des libertés démocratiques.
   Prétendre opposer à cette crise de dérisoires combinaisons politiques, des lamentations ou des coups de menton de la part de chefs de partis qui ont perdu tout crédit mais qui prétendent quand même incarner la résistance au Front national, est stupide. Tous ces gens-là, en tout cas l’armada de leurs seconds couteaux, se coucheront devant le FN s’il continue à progresser et finit par s’approcher du pouvoir. Ils le font déjà dans le domaine des idées et dans leur langage.
   Alors, il faut rejeter leur jeu, pas seulement à cause de leurs responsabilités dans la situation présente, mais surtout en raison de leur incapacité d’offrir une perspective pour l’avenir. Cette perspective ne peut pas être offerte dans le cadre d’un système capitaliste profondément en crise. Elle ne peut être offerte que par la classe ouvrière, la seule à avoir un intérêt fondamental et la force de combattre efficacement le système capitaliste dans son ensemble et la seule, surtout, à pouvoir le renverser.
   La durée même de la crise, en plongeant des millions d’exploités dans la pauvreté et le désespoir, a porté sur le devant de la scène politique ce que la société bourgeoise a de plus réactionnaire, de plus abject.
   Mais, en bouleversant les règles du jeu politique et les certitudes, elle pose la question de l’avenir de la société plus clairement qu’à l’époque du ronronnement paisible du parlementarisme bourgeois. Rappelons cependant que ce doux ronronnement dans les pays impérialistes n’a jamais cessé d’avoir pour fondement l’exploitation ici même et le pillage des trois quarts de la planète préservé par des dictatures et, au besoin, par des interventions armées.
   La société n’a pas d’avenir sur les bases capitalistes. L’avenir de la société est entre les mains de la classe ouvrière et entièrement suspendu à la rapidité avec laquelle elle retrouvera sa conscience de classe.
Georges KALDY

jeudi 10 décembre 2015

Les résultats de Lutte ouvrière aux élections régionales

Communiqué de Lutte Ouvrière

Nous présentons ci-joint les résultats de Lutte ouvrière par région et par département. Rappelons que Lutte ouvrière se présentait dans toutes les régions métropolitaines à l’exception de la Corse, ainsi qu’à l’île de La Réunion.
Lutte ouvrière totalise donc 320 054 voix (1,5 %) dans les 13 régions où nous nous présentions. C’est en progrès par rapport aux élections régionales de mars 2010 (206 229 voix, soit 1,09 %) et aux élections européennes de mai 2014 (213 633 voix, soit 1,14 %), dont nous présentons ci-dessous les résultats, pour comparaison. Nos camarades de Combat ouvrier obtiennent 1992 voix (1,42%) en Guadeloupe et 2460 voix (2,04 %) à la Martinique.

Ces résultats sont certes modestes. Mais, dans un contexte de poussée à droite, ils ne sont pas sans importance. Ceux qui ont voté pour les listes de Lutte ouvrière ont clairement voulu faire entendre le camp des travailleurs. Ils se sont opposés à la politique pro-patronale du gouvernement PS, tout en rejetant la droite et l’extrême droite. Ils se sont prononcés pour que la classe ouvrière se dote d’un parti qui représente réellement ses intérêts. Ces voix compteront pour l’avenir.

dimanche 6 décembre 2015

Résultats des élections régionales 1er tour 6 Décembre 2015 Alfortville

La réunion Lutte Ouvrière du 3 Décembre à Maisons-Alfort


Inscrits                            23683

Votants          10853.....45,82%

Blancs Nuls       433

Valablement exprimés   10420

Liste
Tête de liste
Voix
% sur expr.
Front de Gauche
Pierre -Laurent
808
7,75
PS
Bartolone
3735
35,84
UPR
Asselineau
105
1
EELV
E. Cosse
926
8,88
Union Citoyenne
D. Horsfall
54
0,51
Nous Citoyens
Valerie  Sachs
57
0,54
Fluo
De Smet sylvain
22
0,21
Démocrates Musulmans
Boucharda
19
0,18
Debout la France
Dupont-Aignan
527
5,05
Droite
Valérie Pécresse
2054
19,71
Aux urnes citoyens
Aurélien Véron
70
0,67
FN
W. de Saint-Just
1827
17,53
Lutte Ouvrière
Nathalie Arthaud
216
2,07