mercredi 28 mars 2018

La contre-offensive du monde du travail est nécessaire et possible

Editorial Lutte Ouvrière 26/03/2018

   Avec quelque 500 000 manifestants dans le pays et pas loin de 50 000 à Paris, la journée du 22 mars a massivement mobilisé. Les infirmières, enseignants, employés des impôts… étaient bien plus nombreux dans la rue que lors de la manifestation du 10 octobre.

  Pour les cheminots, qui se préparent à la grève à partir du 3 avril, cette journée se devait d’être réussie, et elle l’a été. Nombreux en grève et venus à Paris des quatre coins du pays, ils ont fait une démonstration de force.

Au-delà du nombre, cette journée a exprimé la volonté des manifestants de se battre ensemble. 

   Les cortèges mélangeaient des cheminots avec et sans statut, des fonctionnaires titulaires et des contractuels, des jeunes tout juste embauchés et des retraités, conscients de partager des objectifs communs. Et cela aussi, c’est un gage d’avenir, car pour gagner, le monde du travail se doit d’agir collectivement.

   Dans la santé, dans l’éducation, dans la justice, partout l’État ferme des structures, rogne sur ses budgets et supprime des services. Heureusement, il y a ici ou là des réactions. Mais que pèsent ces contestations locales face à la puissance de l’appareil d’État ?

   Dans le privé, face à la puissance du patronat, il en va de même. Ce n’est pas individuellement, ni
service par service, métier par métier ou entreprise par entreprise, que les travailleurs peuvent se protéger des attaques.
   Combien de fermetures d’entreprises ont montré qu’un ingénieur hautement qualifié et, à plus forte raison, des petits chefs sont aussi facilement licenciés qu’un ouvrier sans qualification ?
« Diviser pour régner » a toujours été la politique du patronat et de l’État à son service. Opposer le public au privé, les CDI aux CDD ou les Français aux immigrés, c’est entrer dans leur jeu.

Aujourd'hui, il n’y a plus de place pour le « chacun pour soi » et le corporatisme.

  Depuis que la crise a intensifié la concurrence, le patronat a besoin de mener une guerre de tous les instants aux travailleurs pour préserver ses profits. Il s’en prend à tous et cherche à reprendre ce qu’il a lâché à certaines catégories. C’était moins vrai avant la crise et il arrivait que le grand patronat achète la paix sociale en accordant tel ou tel avantage aux uns ou aux autres. Mais cela marchait parce que le monde du travail dans son ensemble était craint et que le patronat redoutait que le moindre incendie ne s’étende. Les victoires que les travailleurs ont remportées secteur par secteur furent aussi et surtout le fruit d’un rapport de force global favorable à la classe ouvrière.

C’est à l’échelle de la classe ouvrière qu’il faut reconstruire aujourd'hui un rapport de force pour résister aux reculs que Macron et la classe capitaliste veulent encore nous imposer.


Une affiche de Mai 68 : Toujours d'actualité !
  Aussi loin que l’on remonte dans le passé, les seuls moments où la bourgeoisie a lâché du lest ont été lorsque les travailleurs se sont soulevés en masse, lorsqu’ils ont fait grève, manifesté et occupé les entreprises, comme en 1936 et en 1968.

   En 1968, les travailleurs rejoignirent la grève avant même d’avoir formulé leurs revendications entreprise par entreprise et parfois avant même tout appel syndical. Le ras-le-bol vis-à-vis du pouvoir étouffant de De Gaulle, la dureté de l’exploitation quotidienne et l’exemple de la révolte étudiante étaient des raisons suffisantes.

   C’est la grève générale qui changea le rapport de forces et la situation politique, conduisant le patronat à des concessions qui se traduisirent, selon les entreprises, par une réduction du temps de travail, des augmentations de salaire et de nouveaux droits syndicaux.

   Pour Macron et ses supporters, aussi hostiles qu’étrangers au monde du travail, le mouvement ouvrier et les grèves feraient partie du vieux monde.
Mais que dénonçaient les travailleurs de 1968 ? Des horaires de travail insoutenables qui réduisaient la vie au « métro, boulot, dodo » ; des salaires indignes ; des conditions de travail dangereuses ; une arrogance et un mépris des directions et de la hiérarchie.

   Il n’y a pas une seule de ces revendications qui ne soit d’actualité ! Il faut même ajouter à cette liste la garantie d’un emploi pour tous, la préservation de services publics et des retraites dignes de notre temps. Alors oui, un Mai-Juin 2018 est nécessaire !

  Qui en ouvrira la voie ? Les cheminots qui sont mis au pied du mur par Macron et qui se préparent à la grève dès le 3 avril ? Il faut le souhaiter et en faire notre combat. Une victoire des cheminots serait un camouflet pour le gouvernement et le patronat et il ouvrirait bien des perspectives au monde du travail.

mardi 27 mars 2018

La lutte, ça paye


Brève Lutte Ouvrière Ile de France

     Il a fallu quarante jours de grève à 160 travailleurs sans papiers d'Ile-de-France qui, avec la CGT, occupaient sept entreprises, dont des grosses telles Chronopost et France-Routage, pour obtenir leur régularisation. Contraints de travailler sous une autre identité, ces travailleurs "sans-papiers" sont une proie pour un patronat rapace qui profite de leur situation des plus précaires, où ils doivent raser les murs, pour les surexploiter. Du fait de la législation ils sont des "travailleurs illégaux", c'est à dire des travailleurs sans-droits.

    Priver de droits les travailleurs, en faire de la main d'œuvre corvéable à merci, c'est ce dont rêve le patronat et que, réforme après réforme, mettent en place les gouvernements. C'est pourquoi le combat pour la régularisation, en s'opposant à ce qu'une partie de la classe ouvrière soit privée de droits, rejoint la lutte de tous les travailleurs pour la défense de leurs conditions d'existence. 

Dans le 94 : 

Pendant la grève le piquet STLG La Queue en Brie
A Event-Thai Chevilly Larue : La fierté pour les papiers obtenus

dimanche 11 mars 2018

Images du banquet Lutte Ouvrière au Moulin Brûlé Edition 2018

Une soirée réussie pour le banquet Lutte Ouvrière de Maisons-Alfort Samedi 10 Mars

















samedi 10 mars 2018

Créteil : 300 manifestants pour le retrait du projet de loi Collomb


Article du Parisien Val de Marne Marne 09 mars 2018
Créteil, ce vendredi après-midi. Manifestation devant la préfecture du Val-de-Marne pour le retrait du projet de loi Collomb - Macron

    Ils exigent un accueil digne pour les migrants et le respect du droit d’asile Ils étaient près de trois cents à manifester ce vendredi devant la Préfecture du Val-de-Marne. Membres d’associations et organisations du département et travailleurs ou lycéens sans papiers, tous unis pour protester contre le projet de loi du gouvernement relatif « à une immigration maîtrisée et à un droit d’asile effectif ». «
  
    Nous condamnons la façon dont les préfectures, telle celle du Val-de-Marne, refusent ce que l’on appelle les alias, c’est-à-dire la possibilité d’un travailleur sans papier de faire reconnaître sa situation de travail… », lance Pablo Krasnopolsky de RESF 94. « Cette loi a pour objectif de faire peur et de dire aux sans-papiers Baisse la tête, baisse les yeux et tais-toi ! », ajoute une militante de Lutte Ouvrière, tandis qu’un autre militant cégétiste dénonce lui aussi la « mission impossible pour déposer un dossier de première demande de titre de séjour ou de régularisation ».

   Ce vendredi, une délégation attendait d’être reçue en préfecture tandis qu’une pétition circulait encore.

jeudi 1 mars 2018

SNCF : une offensive contre l'ensemble du monde du travail

Editorial Lutte Ouvrière 26 Février 2018

Contre les cheminots, Macron a choisi l'affrontement brutal. D'abord par l'ampleur de l'offensive, même si celle-ci n'est pas nouvelle.

    Année après année, suppression de postes après suppression, les cheminots ont vu leurs conditions de travail se dégrader. Ils ont vu la sous-traitance et la précarité s'étendre et leur charge de travail augmenter, au nom de la compétitivité. Comme tous les autres travailleurs, ils ont aussi dû reculer sur leurs droits à la retraite. Mais Macron veut aller bien au-delà. En supprimant leur statut et en les obligeant à être transférés aux opérateurs privés sous peine de mutation ou de licenciement, Macron veut faire table rase de leurs droits.
  
Et il y a la méthode. En recourant aux ordonnances, comme il l'a fait pour casser le code du travail, Macron joue la provocation. En s'en prenant ainsi à une fraction du monde du travail, qui a la réputation de se mettre en grève plus facilement, il veut prouver à la bourgeoisie, d'un côté, et aux travailleurs, de l'autre, qu'il est capable de balayer toute résistance ouvrière.
    Dans ce bras de fer, ce ne sont pas seulement les cheminots qui jouent gros, c'est aussi l'ensemble du monde du travail. Pour nous tous, salariés et usagers de la SNCF, l'enjeu ne se limite pas à la suppression de lignes secondaires et à l'augmentation des tarifs. C'est aussi et surtout une question de rapport de force politique entre le monde du travail et la bourgeoisie et son gouvernement.

    La force des cheminots, leur nombre, leur rôle essentiel dans la société et leur combativité ont toujours été un facteur important de ce rapport de force global, une sorte d'arme de dissuasion contre les politiques anti-ouvrières.
    En 1995, les cheminots avaient fait ravaler à Juppé non seulement sa réforme des régimes spéciaux de retraite mais aussi une bonne partie de son plan contre la Sécurité sociale. Le souvenir de cette défaite cuisante hante encore les politiciens.

    Exactement comme Margaret Thatcher l'a fait en Grande-Bretagne avec les mineurs en 1984, Macron veut, au travers des cheminots, donner une leçon à l'ensemble de la classe ouvrière et dégager la voie pour de nouvelles attaques : la suppression de 120 000 postes dans la Fonction publique, le passage aux capitalistes de pans entiers des services de l'État et une nouvelle casse des retraites.
    Macron veut sa guerre contre les cheminots. Il joue les fiers-à-bras et son arrogance s'exprime comme jamais. C'est ce que font tous les boxeurs quand ils montent sur le ring. Une fois que les coups partent, c'est une autre histoire. Juppé en 1995 ou même De Gaulle en 1968 ont fait l'expérience que, face à la force des travailleurs en grève, le pouvoir est forcé de reculer.
  
  Mais pour se lancer dans le combat et le gagner, les cheminots ont besoin du soutien de l'ensemble des travailleurs. Celui-ci commence par tordre le cou à toutes les âneries sur les « privilèges » des cheminots. Être guichetier, manoeuvre, chef de quai ou technicien n'a rien d'une sinécure, pas plus que de conduire des trains en 3x8, les week-ends, sans pouvoir rentrer dormir chez soi.
    « Je ne peux pas avoir d'un côté des agriculteurs qui n'ont pas de retraite, et de l'autre avoir un statut cheminot et ne pas le changer », a déclaré Macron au Salon de l'agriculture. Le gouvernement met tous les problèmes de la SNCF sur le dos du statut des cheminots, et voilà qu'il serait aussi responsable de la situation des paysans les plus pauvres ! Toute cette démagogie n'a qu'un but : diviser les travailleurs.

    Oui, en résistant, les cheminots ont conservé certains de leurs droits. Comme n'importe quels exploités, ils ont raison de se défendre contre la cupidité des futurs patrons du rail.
    Aujourd'hui, les cheminots n'ont d'autre choix que de se préparer à la grève. Et pour vaincre, elle devra durer le temps qu'il faut. Ce n'est une partie de plaisir pour personne, et sûrement pas pour les usagers. Mais les problèmes qu'une telle grève posera ne sont rien en comparaison des reculs qui nous attendent tous si Macron et la bourgeoisie ont les mains libres.

    Il faut donc souhaiter que cette mobilisation soit la plus large et la plus forte possible. Il faut souhaiter que les cheminots se lancent dans le combat et qu'ils se battent avec la fierté de ceux qui n'ont pas volé leur pain.
    Et il faut tout faire pour qu'ils ne restent pas seuls dans l'arène. Il faut que les cheminots reçoivent le soutien moral et actif de tous. Pour que le monde du travail inverse la vapeur contre le grand patronat, il faut que Macron subisse une défaite et ravale sa morgue anti-ouvrière.