lundi 6 mai 2019

Justice de classe : Le tribunal refuse de condamner Smovengo pour le licenciement des grévistes


                       
                                                 

Les Prud’hommes refusent de condamner Smovengo
pour le licenciement des grévistes…mais la résignation n'est pas d'actualité !

Le 30 Avril 2019

Ayant saisi le Conseil des Prud’hommes de Nanterre suite à leur licenciement en juin 2018 à l'issue de plus de deux mois de conflit, vingt-et-un salariés de Smovengo (la société gestionnaire des Vélib’ pour Paris et sa métropole), et les syndicats CGT et SUD qui intervenaient volontairement, ont été déboutés le 11 avril dernier de leur demande . En effet, le juge départiteur n'a pas considéré que ces licenciements étaient illicites.
Des travailleurs font grève pour défendre leurs salaires et leurs conditions de travail, ils sont licenciés collectivement… et cela est normal pour la justice !

Si les salariés avaient fait grève c'est parce que, suite au changement d'exploitant de Decaux à Smovengo en 2018, ils avaient perdu en salaire et en primes et n'avaient même pas les équipements pour travailler correctement. La direction avait répondu par le mépris, les huissiers, les vigiles et l’embauche illégale d’intérimaires mais, voyant que la lutte tenait bon, elle avait assigné au bout de trois semaines les grévistes devant le TGI les accusant d'empêcher les non-grévistes de travailler, de bloquer les accès des entrepôts et de commettre des exactions. Surtout, elle avait subitement découvert qu’aucun préavis n’avait pas été déposé et a alors demandé à ce que la grève soit déclarée illicite.
Somme toute Smovengo se drapait dans sa fonction de service public et osait accuser les salariés de porter atteinte à l'intérêt des usagers or les utilisateurs de Vélib peuvent constater tous les jours la gabegie avec laquelle Smovengo assure la continuité du service public.

Le TGI a rendu sa décision le 14 mai 2018, en suivant la direction sur l’absence préavis mais avait retenu la bonne foi des salariés lors du déclenchement de la grève, une décision dont la direction s'est ensuite servie pour licencier les salariés qui poursuivaient la lutte.
Pourtant, quelques mois après s'être débarrassés d'eux, la direction a accordé une bonne partie des augmentations qu’ils revendiquaient… mais eux n'étaient plus là pour en bénéficier ! En plus d’une prime exceptionnelle de 500 euros, la majoration des horaires de nuit a été fixée à 20 % au lieu de 10 %, les jours fériés et les dimanches majorés de 20 % et la prime de panier augmentée de 6 à 9 euros.
Dans le jugement prud’homal du 11 avril dernier, le tribunal refuse de condamner la direction de Smovengo. Comme dans de nombreux autres conflits sociaux, les tribunaux se  montrent le plus souvent compréhensifs envers le patronat et impitoyables avec les travailleurs qui luttent : cela a été le cas pour Air France suite à l'affaire de la chemise arrachée, pour Goodyear dans la lutte contre la fermeture, pour les victimes de l'amiante dont aucun procès n'a abouti à ce jour et pour les Gilets jaunes, qui sont condamnés et pour certains en prison, alors que les auteurs de violence policières ne font eux l’objet d’aucune poursuite.
Face aux attaques patronales et au soutien que leur apportent le pouvoir et les tribunaux, il y a urgence à inverser le rapport de forces en renforçant par la lutte le camp du monde du travail.