Editorial Lutte Ouvrière 17/07/2017
Chaque
jour de l’été, ou presque, une nouvelle mesure antiouvrière est
annoncée. La semaine dernière, c’est le sort du compte pénibilité qui a
été scellé. Cette mesure, bien limitée, devait permettre à certains
salariés soumis à des travaux pénibles de partir plus tôt à la retraite.
Le patronat a eu gain de cause : les travailleurs qui portent des
charges lourdes, subissent des vibrations ou sont exposés à des risques
chimiques, ne bénéficieront pas de départ anticipé. Et si, en théorie,
les autres risques restent pris en compte, ce n’est plus le patronat qui
les financera mais la Sécurité sociale.
Les annonces de baisses d’impôts ne doivent tromper personne. Seule
certitude : les riches seront servis. L’impôt sur la fortune sera
réduit. En même temps, le gouvernement diminue le budget de l’Éducation
nationale et des universités, ce qui touchera d’abord les enfants des
classes populaires. Pour les salariés et les retraités, c’est la hausse
de la CSG qui est au menu ! Quant à la baisse de la taxe d’habitation,
il reste à voir comment elle sera compensée pour les collectivités
locales et qui paiera. Une fois encore, les habitants des communes les
plus pauvres seront pénalisés.
Et le pire est à venir, avec les ordonnances réformant le Code du travail, que les députés ont autorisées.
L’extension des accords d’entreprise facilite le chantage à l’emploi :
en menaçant de licencier, un patron pourra accroître le temps de
travail sans augmenter les salaires.
À l’échelle des branches professionnelles, les contrats de mission
seront autorisés, selon une vieille demande du patronat, qui voudrait se
débarrasser du CDI. Un salarié pourra ainsi n’être embauché que pour la
durée d’un projet, ce qui revient à vider de son sens le CDI, et à
généraliser la précarité de l’emploi. Le patronat voudrait en quelque
sorte transformer tous les salariés en travailleurs à la tâche,
exploitables puis jetables, comme c’était la règle avant 1936.
Les entreprises auront toujours plus de facilités pour licencier :
par exemple, une multinationale ultra-bénéficiaire pourra procéder à des
licenciements dits « économiques », dans une de ses filiales déclarant
des pertes. Cette disposition était déjà dans le projet de loi El Khomri
en 2016, et avait dû être retirée face à la contestation ouvrière –
c’est à méditer ! Macron veut aussi rétablir le plafonnement des
indemnités prud’homales en cas de licenciement abusif, une attaque à
laquelle le gouvernement PS avait également dû renoncer, mais à laquelle
tient le patronat pour pouvoir se débarrasser à moindres frais de
salariés.
Le gouvernement peut sortir de son chapeau quelques mesures mineures,
afin de faire passer la potion amère. Rappelons-nous que, quand la loi
Macron avait étendu le travail du dimanche, on parlait aux salariés de
volontariat et de bonifications. Aujourd'hui une firme comme Bricorama a
réduit ses majorations.
Les travailleurs n’ont rien à attendre des débats parlementaires. Le
gouvernement dispose d’une majorité de députés à sa botte, choisis et
élus pour mettre en œuvre le programme de Macron. Une fois que les
ordonnances seront présentées, le 20 septembre, elles seront
immédiatement applicables.
Les dirigeants des confédérations syndicales se sont pliés au cinéma
du « dialogue social » que le gouvernement met en scène cet été, alors
qu’en réalité c’est lui et, derrière lui, le patronat, qui décide de
tout. Les dirigeants de la CFDT et ceux de FO passent les plats à
Macron, à Édouard Philippe, et à la ministre du Travail Muriel Pénicaud,
tout droit issue des milieux patronaux. La CGT joue aussi le jeu de la
concertation, mais a au moins le mérite d’appeler les salariés à se
mobiliser mardi 12 septembre.
Il faut se saisir de cette occasion pour montrer que nous n’acceptons
pas d’être attaqués sans réagir. Il faut que nous soyons nombreux en
grève et en manifestation ce jour-là. Cette seule journée ne suffira pas
à faire reculer le gouvernement, mais elle doit être le point de départ
d’une riposte du monde du travail, qui est la seule réponse face à
cette déclaration de guerre.
Macron peut parader avec Trump, faire le matamore et multiplier les
gestes d’autorité ; mais nous en avons vu d’autres. Il peut se dire «
droit dans ses bottes » comme Juppé en 1995, il serait tout aussi
impuissant face à une mobilisation du monde du travail, avec des grèves
et des manifestations massives. C’est ce qu’il faut préparer.
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