Editorial Lutte Ouvrière 10/07/2017
Il n’y a pas
de semaine sans l’annonce d’une nouvelle mesure anti-ouvrière du gouvernement.
Dernière en date, la fin du compte pénibilité et son remplacement par le compte
de prévention, avec la suppression de quatre critères de pénibilité sur dix et
la fin des sur-cotisations demandées au patronat. Ce compte pénibilité était
une concession dérisoire de Hollande lorsqu’il avait allongé la durée de
cotisation pour toucher une retraite à taux plein. C’était déjà trop pour le
patronat.
Mais dans la
guerre que le gouvernement mène contre le monde du travail, cette annonce n’est
pas la plus importante. La nouvelle loi Travail, présentée cette semaine au
Parlement, est l’offensive d’envergure. Son objectif est de vider de son
contenu le Code du travail et d’effacer toute trace de ce qui reste des acquis
de plus de cent ans de luttes ouvrières.
Dans les
entreprises, les patrons feront la loi au sens propre du terme, en fixant le
temps de travail et les salaires comme ils voudront. Le gouvernement dit que
ces accords d’entreprise seront le fruit du dialogue social. Mais ce dialogue
social, c’est un monologue patronal qui se résume à : « Si tu n’es pas content,
tu prends la porte. » Et comme la loi modifiera aussi les procédures de
licenciements individuels et collectifs, les patrons auront encore plus de
liberté pour licencier.
À l’échelle
des branches, les conventions collectives pourront autoriser les CDI de
mission. Ces contrats permettent au patron de se débarrasser des salariés une
fois la mission accomplie sans devoir payer d’indemnité. Les accords de branche
fixeront aussi le nombre de renouvellements possibles d’un CDD. Et les
indemnités prud’homales dans le cas d’un licenciement reconnu abusif seront
plafonnées.
L’offensive
ne s’arrêtera pas là. Le Premier ministre, Philippe, a confirmé l’augmentation
de la CSG de 1,7%. Il prétend que pour les travailleurs du privé cette hausse
sera compensée par une baisse des cotisations sociales. Rien n’est moins sûr.
Et pour les fonctionnaires et les retraités dont la pension dépasse 1 200 euros
par mois, le recul du pouvoir d’achat est programmé.
Pendant que
le gouvernement prépare ses lois, le patronat poursuit ses propres attaques.
La semaine
dernière, les travailleurs de GM&S dans la Creuse sont allés bloquer la
fonderie de PSA Sept-Fonds dans l’Allier. Comme l’offre de reprise de leur
entreprise laisse sur le carreau 157 salariés sur 277, ils ont voulu faire
pression sur les donneurs d’ordres, Renault et PSA, et sur l’État, actionnaire
de ces deux groupes. Leur détermination a forcé le ministre de l’Économie à les
recevoir à Bercy. Leur mobilisation a été médiatisée, mais combien d’autres
usines ferment parce que des actionnaires trouvent plus profitable de supprimer
des emplois et de concentrer le travail sur moins de salariés ? Il y a aussi
les plans de suppression d’emplois des grands groupes. Michelin a annoncé près
de 2 000 suppressions d’emplois dans le monde dont 1 500 en France.
Enfin, à
tout cela, il faut ajouter la répression patronale, qui trouve toujours
l’oreille complaisante d’une justice de classe. Des militants syndicaux chez
PSA sont menacés judiciairement, dont un condamné à six mois de prison avec
sursis. Pourquoi ? Parce qu’ils ne baissent pas la tête devant leur direction.
Voilà la lutte de classe dont Macron dit qu’elle n’existe plus, qui permet à la
classe capitaliste de s’enrichir, comme ces actionnaires à qui les entreprises
du CAC40 ont versé 46 milliards d’euros de dividendes pour 2016.
Si nous ne
voulons pas être broyés, nous n’avons pas d’autre choix que de nous battre
collectivement contre toutes les attaques patronales et contre cette loi
Travail. Pour l’instant, la comédie de la négociation se poursuit et tous les
dirigeants syndicaux jouent le jeu du gouvernement. Ceux de la CFDT et de FO se
font clairement les complices de la politique gouvernementale. Ceux de la CGT
veulent jouer au syndicat de « propositions » comme les autres, mais, en même
temps, ils appellent à la grève pour le 12 septembre. Et c’est une opportunité
à saisir.
Une seule
journée ne suffira pas à faire reculer le patronat et le gouvernement. Mais
seules des mobilisations ouvrières puissantes pourront faire barrage à cette
loi qui sera votée au Parlement par la majorité macroniste.
Il faut
utiliser toutes les possibilités de réactions collectives et affirmer la
nécessité d’une lutte générale et explosive du monde du travail.
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