Editorial Lutte Ouvrière 11/01/2016
« Un plan d’urgence pour l’emploi », voilà comment patronat et
gouvernement veulent encore nous berner au prétexte de lutter contre le
chômage. Cela fait plus de trois ans que le gouvernement nous mène en
bateau. En 2013, promis-juré, les affaires allaient reprendre et la
courbe du chômage s’inverser.
En 2014, grâce au crédit d’impôt
compétitivité et au pacte de responsabilité, synonymes de 50 milliards
d’allégements de cotisations et d’impôts pour les entreprises, le
gouvernement et le patronat garantissaient la création d’un million
d’emplois. Pour l’occasion, le Medef avait même réalisé des Pin’s « 1
million d’emplois ».
En 2015, le gouvernement nous annonçait la
reprise. Tels Madame Irma, tous les ministres voyaient un parfait «
alignement des planètes » avec des taux d’intérêt historiquement bas, un
euro plus faible et un pétrole en baisse. Et puis, avec la loi Macron,
le travail du dimanche et la dérèglementation d’activités, forcément,
des emplois seraient créés…
Le bilan de toutes de ces « années de
lutte » contre le chômage s’élève à un million… de chômeurs
supplémentaires ! Depuis que Hollande est élu, Pôle emploi enregistre
670 000 chômeurs de plus en catégorie A, sans aucun travail, fût-il à
temps partiel, et 1,12 million de plus si on inclut ceux qui ont eu une
activité réduite dans le mois.
Et voilà qu’Hollande nous fait le coup de l’état d’urgence économique et sociale !
Pour les plus de six millions de femmes et d’hommes qui doivent se
débrouiller pour vivre sans emploi, c’est une urgence quotidienne. C’est
une urgence vitale pour des centaines de milliers de jeunes condamnés à
l’inactivité et à la précarité. Pour les licenciés de plus de 50 ans,
certains de rester sur la touche s’ils ne retrouvent pas un emploi très
vite, oui, chaque jour compte.
Mais Hollande n’a rien à faire de
cette urgence-là. Ce n’est pas son monde. Il ne détermine pas sa
politique pour répondre à l’urgence et aux besoins des chômeurs ou des
salariés. Il définit sa politique pour répondre aux exigences du
patronat, pour faciliter leurs affaires et leurs profits.
Quant
au patronat, le chômage l’arrange bien ! Il lui permet de faire le
chantage au coût du travail, à la compétitivité et à la délocalisation…
tout en bénéficiant de la politique de lutte contre le chômage qui
consiste à arroser les entreprises à coups de milliards et à liquider
les droits sociaux. Et cela va continuer.
Hollande a donné les
grandes lignes du plan qu’il présentera le 18 janvier. Le patronat, qui
réclame de payer toujours moins la main-d’œuvre, y est déjà bien servi
puisque qu’une nouvelle prime de 1 000 à 2 000 euros serait accordée à
chaque embauche dans les très petites entreprises.
À côté de
cela, il promet – encore et toujours – de relancer l’apprentissage et il
serait prêt à mettre un milliard sur la table pour la formation de 500
000 chômeurs dans les métiers dits « d’avenir ou en tension ».
Envoyer des milliers de chômeurs en formation pour les sortir des
chiffres du chômage permettra peut-être d’inverser la courbe sur le
papier et à Hollande de se présenter pour 2017, mais ce n’est pas cela
qui créera de vrais emplois !
Et puis, il y aura la loi de la
ministre du Travail, El Khomri, censée réécrire le code du travail pour
faciliter la tâche des patrons. CDI, 35 heures, indemnités prud’homales,
exonérations de cotisations sociales, le patronat pousse pour remettre
tous les droits des salariés en cause. Pourquoi se gênerait-il quand le
gouvernement a, jusqu’à présent, satisfait toutes ses exigences ?
Les voilà donc repartis pour une campagne d’intox sur « les freins à
l’embauche » et « la peur du patronat d’embaucher ». Et pendant ce
temps, tous les grands groupes continueront de planifier des
suppressions d’emplois, comme chez Air France, à la SNCF ou dans
l’Automobile.
Sans que cela fasse la une de l’actualité, les
licenciements se poursuivent. C’est le cas du groupe Pentair qui veut
fermer son usine à Ham dans la Somme avec 130 licenciements à la clé,
d’Avenir Telecom qui a planifié la fermeture de 60 agences et 260
licenciements, du groupe Tetra qui veut licencier 111 salariés au
Havre-Octeville-sur-Mer. Et combien d’autres dans le pays ?
Un
véritable plan d’urgence imposerait d’arrêter cette hémorragie et
d’interdire à tous ces groupes de licencier. Il imposerait la
répartition du travail entre tous les salariés sans baisse de salaire, à
commencer par l’embauche immédiate des intérimaires et CDD. Mais, pour
cela, il faudrait déclarer l’état d’urgence contre la rapacité patronale
dont le gouvernement est complice.
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