Editorial Lutte Ouvrière du 23/05/2016
Malgré
le recours à l’article 49-3, le gouvernement n’en a pas fini avec la
contestation contre la loi El Khomri. Aux grèves et aux manifestations
qui rassemblent toujours plusieurs centaines de milliers de personnes,
se sont ajoutées différentes actions, en particulier dans les
raffineries. Cela va des grèves qui conduisent à l’arrêt total de
certaines raffineries au blocage des zones industrielles et des dépôts
de pétrole.
Les routiers, en pointe dans ces blocages, ont d’ailleurs remporté
une petite victoire sur le gouvernement puisqu’ils ont obtenu
l’assurance que la loi El Khomri n’entraînerait pas une baisse de la
rémunération de leurs heures supplémentaires.
Grève raffinerie de Donge |
Ils savent que l’opposition à leur politique est massive et dépasse
de loin les rangs de ceux qui agissent. Alors, tant qu’il y aura de
nouvelles actions et l’entrée dans le mouvement de nouveaux secteurs
avec du monde en grève et dans la rue, rien ne sera joué.
À la SNCF, les cheminots se sont lancés depuis mercredi dernier dans
un mouvement de grève contre un accord d’entreprise qui augmentera
l’amplitude des journées de travail, supprimera des temps de repos et
des jours de congés. Parallèlement à la loi El Khomri et dans le même
esprit, le gouvernement a en effet pris un décret pour dérèglementer
l’organisation du travail dans le ferroviaire. Comme tous les salariés,
les cheminots subissent désormais le chantage à la concurrence et à la
compétitivité.
C’est tous azimuts que le gouvernement et le patronat attaquent.
« Non à l’allongement du temps de travail », « non aux accords
d’entreprise qui sacrifient les conditions de travail ! », disent tous
ceux qui se battent, et ils ont raison.
La mobilisation s’est cristallisée contre la loi El Khomri, avec
l’objectif concret du retrait de cette énième attaque anti-ouvrière.
Mais cette loi ne représente qu’une étape de plus dans l’offensive
générale du patronat contre les droits des travailleurs. C’est pourquoi
la contestation exprime un mécontentement bien plus large.
Derrière l’épreuve de force entre les opposants à la loi El Khomri et
le gouvernement, il y a l’épreuve de force entre les travailleurs et le
patronat. Il y a la lutte de classe.
Mais, désormais, une fraction des travailleurs ne veut plus subir les coups patronaux et a décidé de riposter et de se défendre.
Des travailleurs dénoncent, s’opposent aux attaques, ils s’organisent
et se rassemblent pour défendre leurs intérêts, c’est, d’ores et déjà,
un des acquis importants de ce mouvement. Et cela change l’état d’esprit
de bien des travailleurs au-delà de ceux qui se mobilisent.
Il apparaît désormais évident que le monde ouvrier doit se battre
tout autant sous un gouvernement de gauche que sous un gouvernement de
droite. Car loin de protéger les travailleurs, le gouvernement
socialiste travaille pour le patronat. Et quand bien même le PS camoufle
sa politique anti-ouvrière en parlant de justice sociale ou de dialogue
social, il est l’un de ses serviteurs les plus zélés et les plus
résolus.
Il est clair qu’en matière de politique anti-ouvrière, le
gouvernement de gauche n’a rien à envier à la droite. Avec son coup de
force pour faire passer la loi El Khomri et le recours au 49-3 on voit
qu’Hollande et Valls valent aussi Sarkozy et Fillon en matière
d’arrogance et d’autoritarisme.
Le grand patronat ne s’arrêtera pas, que la loi El Khomri passe ou
pas. Il profitera du chômage, de la précarité, des divisions qu’il
attise dans le monde du travail et qui lui donnent une position de
force, pour faire reculer les travailleurs. Si les travailleurs le
laissent faire, il ira toujours plus loin dans l’intensification de
l’exploitation.
Alors, tous ceux qui continuent de se battre pour faire valoir les
intérêts des travailleurs ont raison.
La durée même de la mobilisation,
près de trois mois, montre leur détermination. Elle montre des
travailleurs décidés à ne plus se taire et à se défendre collectivement,
par eux-mêmes.
Leur lutte est juste, et ils peuvent être fiers d’exprimer la colère
du monde du travail. Ils peuvent être fiers de renforcer la conscience
du monde ouvrier et de montrer la seule voie pour inverser le rapport de
force avec le patronat et améliorer le sort des classes populaires.
Tous dans la rue le 26 mai contre la
loi Travail !
La
mobilisation doit s'amplifier et obliger le gouvernement à remballer son
projet. Une nouvelle manifestation est appelée jeudi 26 mai, un peu partout en
France. Soyons nombreux à dire : « à la poubelle, la loi Travail ! »
A Paris la manifestation aura lieu à
14H de Bastille à Nation.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire