Article de Lutte Ouvrière du Vendredi 6 Mars 2015
Vu à la télé : quand la course aux dividendes dévore l’emploi
Mardi 3
mars, l’émission d’Élise Lucet, Cash Investigation, était consacrée aux
agissements des grosses sociétés et aux fonds d’investissement prédateurs dont
l’action consiste à racheter des entreprises, les dépecer et les revendre à bon
prix, après avoir licencié les salariés.
Un salarié de Sanofi dénonce les suppressions d'emplois lors d'une Assemblée d'actionnaires |
Un reportage montrait comment une telle distribution de dividendes se fait au détriment de l’investissement productif, tombé chez Sanofi de 10 % à 2 %. Ainsi, le site de Montpellier, prévu pour recevoir 1 800 salariés, n’en a plus que mille et doit encore en perdre 200. Le trop bien payé Viehbacher – 23 000 euros par jour ! – a ainsi détruit 4 000 emplois.
Et pourtant,
ces destructions d’emplois dans une entreprise qui fait des profits
considérables n’empêchent pas le gouvernement de lui verser aides et
subventions. Au travers du crédit d’impôt recherche et du CICE, Sanofi empoche
136 millions d’aides publiques, de quoi payer les frais de ses plans sociaux en
cours.
Élise Lucet
interpelle alors Macron, qui fait mine de découvrir l’existence d’un plan
social annoncé, « Phoenix », dont parle pourtant la presse, pour finalement
déclarer que le gouvernement « ne peut pas interdire à une entreprise
de faire des plans sociaux », reprenant une formule déjà entendue
dans la bouche de Jospin à propos de Renault Vilvorde, en 1997.
Pierre
Gattaz du Medef est interpellé à son tour. Il refuse qu’on taxe les dividendes
car on ne touche pas aux actionnaires qui, selon lui, prendraient des risques.
Mais l’émission montre que les seuls qui en subissent ensuite, ce sont les
travailleurs.
Pages Jaunes
est sur la sellette. Cette ex-filiale de France Télécom a été revendue à
Goldman Sachs et au fonds d’investissement KKR. Ils ont utilisé l’effet de
levier, dit LBO, qui leur permet de ne sortir qu’un quart de la somme
nécessaire au rachat et d’emprunter le reste, ce que ces repreneurs remboursent
en pompant les bénéfices de l’entreprise. Ensuite, ils revendent avec une coquette
plus-value. Ce reportage mettait l’accent sur des méthodes de management qui
ressemblaient à l’entraînement des « marines », parfois jusqu’à pousser
certains au suicide.
Même système
de rachat pour Samsonite, racheté par le fonds Bain Capital, lancé par
l’ex-candidat républicain à la présidence américaine Mitt Romney, qui en reste
actionnaire. Dans cette opération, Bain Capital était associé à un fonds de
pension canadien qui gère les retraites des enseignants.
Cette
émission a mis en évidence, avec force, les mécanismes qui, dans cette
économie, transforment un travail humain socialement utile en dividendes
inutiles pour la collectivité, faisant toucher du doigt que cette course à
l’argent écrase des vies et entraîne des catastrophes économiques et sociales à
l’échelle d’une région, d’un pays, de la planète. Et cela, sur un ton percutant
et sans concessions.
Jacques
FONTENOY
Lien pour visionner cette émission, cliquer sur : https://www.youtube.com/watch?v=4IxJnLjV_i4
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