Editorial des bulletins d'entreprise Lutte Ouvrière du 16 Février 2015
Lors de la manifestation du 26 janvier contre la loi Macron
On nous a présenté la loi Macron comme une loi sur les professions réglementées. Son objectif devait être de libéraliser ces professions pour faire baisser les prix. À l’arrivée, on se retrouve avec une loi anti-ouvrière.
Le ministre de l’Économie n’a jamais eu l’intention de s’attaquer aux vrais rentiers, c’est-à-dire aux bourgeois qui encaissent les dividendes de leurs actions sans rien faire de leurs dix doigts, à l’instar de Madame Bettencourt qui gagne un million chaque jour. Situation que Macron, ancien banquier devenu millionnaire par la grâce d’une opération financière, doit trouver tout à fait normale.
Quant aux petits privilégiés que sont les pharmaciens, les notaires et les avocats, il a suffi qu’ils protestent un peu pour que Macron les laisse tranquilles. Pour se racheter, il a même glissé dans la loi un cadeau à ses amis : l’allègement de la fiscalité des actions gratuites. Pour une loi censée s’en prendre aux rentiers, il fallait le faire !
On trouve de tout dans la loi Macron, jusqu’à l’idée saugrenue de recourir aux postiers pour faire passer le permis de conduire. Et cela a masqué l’essentiel : l’attaque contre le droit du travail.
Indemnités dues aux salariés en cas de litige avec l’employeur, visites médicales et possibilités de détecter les maladies professionnelles, droits des inspecteurs du travail, sanctions contre les patrons violant les droits syndicaux : la loi revoit tout à la baisse.
Pour ne parler que des licenciements collectifs en cas de redressement ou liquidation judicaire, la loi prévoit que l’administration pourra valider le plan de licenciements en prenant en compte les moyens de l’entreprise et non plus ceux du groupe. Un groupe, aussi riche soit-il, est donc censé ne plus être mis à contribution. La loi Macron légalise les plans de licenciements au rabais !
La généralisation du travail du dimanche est emblématique des reculs imposés par cette loi. Contre la majorité des syndicats du commerce, la loi entérine l’ouverture des commerces jusqu’à 12 dimanches par an sur autorisation administrative.
Quant aux salariés des « zones touristiques internationales », ils pourront être obligés de travailler tous les dimanches et en nocturne, car même si le principe du volontariat est inscrit dans la loi, combien d’employés se risqueront à refuser de travailler le dimanche ? Et que deviendront les majorations salariales quand cette journée sera travaillée comme une autre ?
Macron a refusé de fixer un minimum de majoration salariale pour les salariés qui travailleront le dimanche dans les zones touristiques internationales. Place au dialogue social, dit-il. Quelle hypocrisie !
Évidemment, le patronat préfère « s’arranger » avec les salariés puisqu’il sait qu’il aura le dernier mot. Du haut de son argent et de son pouvoir de licencier, il peut obtenir ce qu’il veut de salariés acculés à la précarité et aux bas salaires.
Le code du travail n’empêche ni les pressions ni les abus patronaux. Mais il s’applique à tout le monde et c’est un point d’appui pour ceux qui veulent se battre pour le faire respecter.
Démolir les lois et les conventions collectives, démolir les recours devant les tribunaux, imposer des négociations entreprise par entreprise, c’est livrer encore plus les travailleurs à la férocité patronale, à commencer par les petites entreprises où le salarié se retrouve seul face au patron.
Il a fallu des décennies de luttes pour que les travailleurs n’aient plus à vivre au jour le jour, pour qu’ils obtiennent le droit à être soignés, le droit à une retraite et pour qu’ils imposent des limites à l’exploitation patronale. Tout cela est en train d’être démoli gouvernement après gouvernement.
Faut-il rappeler qu’il y a 25 ans, il était évident pour tout travailleur que la retraite à taux plein était à 60 ans, avec 37,5 annuités de cotisation ? Qu’être embauché, cela voulait dire être embauché en CDI alors qu’aujourd’hui 85 % des embauches sont des CDD qui assurent quelques semaines de travail ?
À chaque réforme, on nous dit qu’il faut simplifier le code du travail pour, au final, créer des emplois. La loi de juin 2013 devait soi-disant « sécuriser l’emploi ». Depuis, il y a 250 000 chômeurs de plus et les seuls actionnaires des sociétés du CAC 40 se sont partagés 56 milliards !
Après cette, loi combien de chômeurs y aura-t-il de plus ? Quels sacrifices seront encore demandés aux travailleurs pour que les grands actionnaires encaissent le pactole ?
Combattre les politiques anti-ouvrières qui se succèdent, remettre en cause la mainmise du capital sur l’économie, est devenu une question de survie pour les classes populaires.
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