Editorial des bulletins d'entreprise Lutte Ouvrière du 5 Janvier 2015
Invité
exceptionnel de la matinale de France Inter après ses vœux télévisés du
31 au soir, Hollande a décidé d’occuper le terrain médiatique. Il
voulait, paraît-il, « parler » à sa gauche. Tout ce qu’il aura
réussi à faire, c’est convaincre les travailleurs qu’il n’y a rien,
absolument rien, à attendre de lui et de son gouvernement.
Hollande s’est gargarisé de la baisse d’impôt pour les plus modestes.
Mais ce qu’il promet de la main gauche, il le reprend déjà de la main
droite. Tous ceux qui ont renouvelé leur abonnement transport dans la
région parisienne l’ont constaté, il faut payer plus cher. Il faut payer
plus pour le gaz, plus pour les billets de train. Il faudra payer plus
cher encore pour l’électricité qui a pris 2 % au 1er novembre dernier et
qui va encore augmenter.
Il se trouve que les nouvelles taxes sur le carburant – 2 centimes
sur l’essence et 4 centimes sur le diesel – sont assez indolores parce
que le prix du pétrole a baissé. Mais ce n’en est pas moins un manque à
gagner de l’ordre de 100 euros par an et par ménage.
Hollande s’est engagé à ce qu’il n’y ait plus de hausses d’impôt ni
de nouvelles taxes en 2015. Mais si le gouvernement décide d’augmenter
les tarifs comme il le fait avec la hausse de 15 % sur le timbre rapide,
il n’y a pas besoin de créer de nouvelles taxes. Et c’est sans parler
des mille et un services qui, jusque-là gratuits, deviennent payants
parce que la Sécurité sociale ou les collectivités locales changent
leurs règles. Il ne faut pas se voiler la face. Il faudra bien que la
population paye pour les 21 milliards de coupes dans les dépenses
publiques.
Pour preuve de son supposé ancrage à gauche, Hollande a vanté le
compte formation individuel et le compte pénibilité. Des mesures de « justice sociale »,
a-t-il dit. Mais qu’est-ce que cela change à l’injustice de la
situation ? À la misère et aux inégalités grandissantes ? Au fait que
des millions de femmes et d’hommes sont privés de l’essentiel, un
emploi ?
Cinq millions de personnes, de tous âges, sont privées d’un emploi
qui permet de nourrir leurs enfants, de cotiser à la retraite. Privées
d’un emploi qui permet de pouvoir se loger, obtenir un crédit, qui
permet de vivre.
Hollande et les patrons : le même camp |
Et quelle est l’action de Hollande ? Nulle ! Toute sa politique se
borne à arroser le patronat de milliards et à croiser les doigts en
espérant que ce dernier finira par embaucher de nouveau. Il faut
attendre les effets du pacte de responsabilité qui vient tout juste
d’entrer en application, nous dit-il.
Mais quel est le premier bilan du
crédit d’impôt compétitivité emploi ?
Avec le CICE, le patronat a touché en 2014 pas moins de 8 milliards.
Dans le même temps, on a enregistré 180 000 chômeurs supplémentaires. Si
ces 8 milliards avaient été utilisés par l’État pour embaucher dans les
hôpitaux, dans les écoles ou encore dans les transports publics, il
aurait pu créer 200 000 emplois. C’est dire que, même de manière
limitée, le gouvernement pourrait agir contre le chômage.
6 Janvier les travailleurs de l'abattoir AIM manifestent devant le tribunal |
Un abattoir de 400 personnes dans la Manche est menacé de redressement judiciaire. Cela fait cinq ans que les plans de suppressions d’emplois s’enchaînent dans tous les grands groupes capitalistes. Et le gouvernement laisse faire.
Hollande ne veut pas bouger le petit doigt contre ces licenciements.
Il ne fait rien pour les salaires, rien contre le chantage patronal à la
compétitivité. Pire, il justifie tout ce que fait la bourgeoisie et
prend les désirs patronaux pour des ordres.
Après le pacte de responsabilité, Hollande mise tout sur la loi
Macron qui veut généraliser le travail du dimanche, démanteler les
Prud’hommes et faciliter les procédures de licenciement. C’est la preuve
que Hollande fera une politique anti-ouvrière jusqu’au bout. Dans ses
vœux, Valls l’a d’ailleurs annoncé sans fioritures : « Il faudra encore des années de sacrifices ».
Alors, que souhaiter pour 2015 ? Que les travailleurs se fassent
entendre ! En 2014, on a entendu le patronat, le grand comme le petit,
on a vu défiler les notaires, les avocats, les taxis… Aujourd’hui, ce
sont les médecins qui défendent leurs intérêts.
Eh bien, faisons en sorte que l’année 2015 soit celle des
travailleurs, des ouvriers, des employés, des chômeurs ! Faisons en
sorte que le monde du travail dans son ensemble se lève, se batte pour
ses intérêts et impose ses exigences !
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