mardi 28 mai 2013

Face à la droite qui prétend parler au nom du peuple, faire entendre la voix des exploités

Editorial des bulletins d'entreprise Lutte Ouvrière lundi 27 mai 2013

      Avec près de 40 manifestations et le baroud d’honneur de dimanche dernier, la droite aura exploité jusqu’au bout le filon du mariage homosexuel. Copé a même profité de la dernière manifestation pour appeler les participants… à voter pour l’UMP aux municipales en mars 2014 ! Il faut dire que, sur le reste, il est bien en peine de faire de l’opposition puisque Hollande a repris mot pour mot la politique de la droite, enterrant toutes ses promesses -sauf celle du mariage pour tous.
     Alors que cette loi n’enlève aucun droit à personne, alors que les couples homosexuels peuvent avoir une vie affective et familiale aussi équilibrée que tout autre, la droite a choisi de transformer ce débat en guerre de tranchées.
      Elle a surfé sur tout ce que la société compte de conservatismes et de préjugés réactionnaires, mais ce n’était qu’un prétexte. L’opération de récupération des grenouilles de bénitiers et de la jeunesse bien-pensante des beaux quartiers sera-t-elle fructueuse pour l’UMP ? Difficile de le dire tant les déchirements internes de l’UMP sont nombreux. Mais tous ceux qui ont des valeurs de droite et qui veulent s’opposer au gouvernement sortent renforcés de ces manifestations.
  
    Celles et ceux qui ont fourni le gros des troupes se contentent de manifester paisiblement leurs valeurs réactionnaires mais ils offrent un terrain de manœuvres à d’autres. Au premier rang desquels se trouvent les groupuscules d’extrême droite qui se sont fait la main sur les forces de police. Mais certains s’en sont pris aussi à des homosexuels, à des journalistes et même à leur ancienne égérie Frigide Barjot, trop modérée à leur goût.
    Tout cela peut sembler éloigné des problèmes des travailleurs, mais cela nous concerne car ceux qui ont défilé sont politiquement et socialement des ennemis des travailleurs.
    C’est l’avenir et l’évolution de la crise économique qui décideront si tous ces jeunes et moins jeunes de la petite bourgeoisie restent mobilisés. Mais si c’est le cas, ils ne défendront pas seulement leur point de vue « sociétal », ils ne s’opposeront pas seulement au droit de vote des étrangers et à la recherche sur les cellules souches, ils prêcheront aussi aux travailleurs les sacrifices à faire, ils s’opposeront aux grèves, ils combattront les syndicats.
    Quant aux groupuscules d’extrême droite, s’ils continuent d’agir, ils peuvent, après s’en être déjà pris physiquement à des homosexuels et à des journalistes de gauche, s’en prendre aux Roms, aux travailleurs immigrés, à des militants syndicaux et à tous ceux qui ne pensent pas comme eux. Ils peuvent représenter un danger pour les travailleurs.
     Les manifestations contre le mariage homosexuel sont derrière nous, mais on ne peut en dire autant des idées réactionnaires, anti-ouvrières, xénophobes et nationalistes distillées au quotidien par la droite et par une extrême droite ragaillardie par le discrédit des partis gouvernementaux.
    Marine Le Pen, pour se montrer « présentable », se défend de tout lien avec ces bandes d’extrême droite. Elle condamne les violences et se targue d’avoir exclu un tel parce qu’il avait fait le salut nazi ou tel autre parce qu’il tenait ouvertement des propos antisémites. Mais derrière les sourires de Le Pen et ses envolées en faveur des chômeurs, des ouvriers et des retraités « français », il y a ces militants qui prennent leurs références chez Mussolini et chez Hitler.
     Les Le Pen père et fille n’ont jamais été au pouvoir. Mais l’Europe a connu des gens de leur acabit, du Portugal de Salazar à la Grèce des colonels, en passant par l’Espagne de Franco, sans parler de Pétain ici même. Même si le Front national reste pour le moment sur le terrain électoral, sa perspective politique est un régime de ce genre, un régime autoritaire et anti-ouvrier.
     Face à la pression de la droite et surtout de l’extrême droite, les travailleurs seront peut-être amenés à se battre sur le terrain politique, en même temps qu’ils défendent leur emploi et leur salaire.
     C’est en luttant sur le terrain de classe que les travailleurs prendront conscience de ce que leurs intérêts matériels et politiques sont intimement liés et qu’ils apprendront à distinguer faux amis et vrais ennemis.
     C’est en se battant pour leurs intérêts, contre les licenciements, pour leur salaire et surtout pour le contrôle des exploités sur les entreprises et sur les banques, que les travailleurs attireront et entraîneront tous ceux qui aujourd’hui souffrent du chômage, des petites retraites et de la misère. C’est alors que l’on pourra dire que le peuple a parlé.

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