Jean-Pierre Mercier : comment se fabriquent les profits
Lors
du meeting du 30 Septembre au Cirque d'hiver Bouglione, avant Nathalie
Arthaud, c’est Jean-Pierre Mercier, ancien ouvrier de l’usine PSA
d’Aulnay-sous-Bois aujourd’hui à celle de Poissy, qui est intervenu,
donnant notamment un aperçu des conditions de travail en usine :
«
Non seulement la rémunération globale des salariés a baissé, mais le
temps de travail, le temps passé sur la chaîne, augmente.
À PSA, le patron a inventé
la GJP, la garantie journalière de production. Le raisonnement patronal
est simple : il nous embauche pour faire 364 voitures en 7 heures, il
lui faut 364 voitures, quitte à nous faire travailler plus longtemps
dans la journée.
La moindre panne amène un rattrapage minimum de 10
minutes. Ces 10 minutes sont d’abord prises sur les 31 minutes de la
pause repas, qui tombe à 21 minutes. Imaginez ! Il ne vous reste que 21
minutes pour aller vous laver les mains, aller aux toilettes, faire
chauffer votre gamelle au micro-ondes, l’avaler au bord de la chaîne et,
à la sonnerie, courir pour reprendre le poste.
Si les pannes sont
plus importantes ? En plus des 10 minutes prises sur la pause repas, ce
sont 10, 20 ou 30 minutes supplémentaires qu’il faut faire à la fin de
l’équipe, en n’étant évidemment prévenus qu’au cours de la journée que
l’on sera libéré 30 minutes plus tard.
Quant à l’intensité du
travail, elle a explosé. Dans toutes les usines, le patron a bouleversé
l’approvisionnement des pièces, pour les rapprocher au plus près de
l’ouvrier de chaîne. Car les quelques pas que faisait l’ouvrier les
mains vides pour aller prendre les pièces dans le bac étaient considérés
par le patron comme du temps perdu. Pour l’ouvrier, c’était ce que les
médecins du travail appelaient les micro-pauses où, pendant quelques
fractions de seconde, les muscles, les tendons, les articulations des
poignets, des coudes et des épaules se reposaient.
Désormais, les
pièces sont livrées à quelques centimètres de l’ouvrier, pratiquement
dans ses mains. Ce temps gagné à chaque poste, mis bout à bout, a eu
comme conséquence la suppression de dizaines de postes le long de la
chaîne.
C’est avec ce genre de méthode que, dans toutes les usines,
les patrons obtiennent une production équivalente voire supérieure avec
moins de travailleurs. Au final, ce sont des millions d’euros qui
sortent directement des muscles de chaque ouvrier.
Oui, quand on dit
que l’ouvrier fabrique le profit avec sa sueur et ses muscles, ce n’est
pas qu’une formule, c’est la réalité ! »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire