Éditorial des bulletins d’entreprise du 24 août 2015
Élu il y a sept mois sur un programme anti-austérité, le
Premier ministre grec Alexis Tsipras a démissionné pour provoquer
de nouvelles élections. Désavoué par une fraction de son parti,
Syriza, il veut trouver une nouvelle majorité pour appliquer le
programme d’austérité dicté par les dirigeants européens.
Pourtant début juillet, et à la demande même de Tsipras, la
population grecque avait rejeté par référendum ce programme
d’austérité qui comporte le report de l’âge de la retraite à
67 ans, l’augmentation de la TVA, des privatisations et la mise
sous tutelle financière du pays. Mais les dirigeants européens,
Hollande et Merkel en tête, n’en ont tenu aucun compte. Ils ont
imposé la loi des banques, qui veut que, quoi qu’il arrive, les
intérêts de la dette grecque leur soient payés.
« Mon ennemi
c’est la finance. » Et si Tsipras a au moins essayé de
résister, Hollande, lui, a fait immédiatement les volontés du
capital.
Tsipras s’est donc incliné et c’est maintenant lui qui va
présenter l’addition à la population pauvre de son pays. Faut-il
s’en étonner ? En France en 2012, on a bien vu le candidat du PS
François Hollande se présenter en déclarant :
Et c’est ce même Hollande qui aujourd’hui aide le patronat en
lui versant des dizaines de milliards d’argent public, au détriment
des écoles, des hôpitaux et de tous les services essentiels utiles
à la population. C’est même lui qui, face aux exigences des
éleveurs de porcs de pouvoir au moins vivre de leur travail, refuse
d’imposer quoi que ce soit aux capitalistes de la distribution. Et
c’est encore lui qui, en tant que dirigeant européen, impose à
ses homologues d’Athènes une politique d’austérité encore pire
que la sienne.
De la France à la Grèce, il y a là plus qu’une ressemblance.
Si des dirigeants politiques qui se présentent en adversaires de
l’austérité s’inclinent dès qu’ils sont au gouvernement,
c’est que le véritable pouvoir est ailleurs. Il est entre les
mains des capitalistes et des banquiers. Ce sont eux qui tiennent
dans leurs mains les rênes de l’économie et qui la dirigent en
fonction d’un seul impératif, qui est d’assurer leurs profits.
La seule loi que connaissent ces gens-là, c’est celle qui veut
que le capital rapporte, qu’il soit investi dans des banques, dans
la production d’armes ou dans la dette des États, qu’il soit
utile à quelque chose ou non. Peu leur importe s’il faut pour cela
saigner à blanc une population et appauvrir dramatiquement un pays,
comme c’est le cas de la Grèce.
Même si c’est absurde, même si l’austérité imposée
aujourd’hui non seulement à la Grèce mais à tous les pays
européens ne fait que les enfoncer un peu plus dans la crise et
conduit le monde entier à l’abîme, l’important pour ces gens-là
est qu’ils encaissent leurs dividendes. Et ils savent faire
comprendre à des Hollande et même à des Tsipras que, quelles que
soient leurs promesses électorales, ils devront s’asseoir dessus
pour appliquer la seule loi de l’économie capitaliste, qui est la
loi du profit.
Cela n’empêchera certainement pas que d’autres se présentent,
en faisant des promesses qu’ils ne pourront pas ou ne voudront pas
tenir. En France, on voit même un Montebourg, ex-ministre de
Hollande, s’afficher avec Varoufakis, l’ex-ministre des Finances
de Tsipras, pour prétendre représenter une alternative, alors qu’au
gouvernement Montebourg n’avait fait que s’aligner sur la
politique de Hollande en y ajoutant sa pincée d’esbroufe.
Les travailleurs ne peuvent continuer à se laisser ainsi
ballotter de promesses en promesses, alors que leur situation
s’aggrave et que les attaques du patronat se multiplient. Ils ne
peuvent faire confiance à des politiciens qui promettent que tout
ira mieux à condition de les porter au pouvoir et ensuite de les
laisser faire. Ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes.
La force des travailleurs est dans leur nombre, mais aussi et
surtout dans le fait qu’ils produisent toutes les richesses de
cette société. Ils doivent se servir de cette force pour imposer,
quoi qu’il arrive, leur droit à une vie décente. Mais ils doivent
aussi se donner les moyens d’imposer que la société soit
organisée en fonction, non pas du profit, mais des besoins de tous.
Une telle société ne sera possible qu’à condition de mettre
fin à la dictature que les capitalistes et les banquiers parasites
font peser sur la majorité de la population. Et cela ne pourra
résulter que de l’action de la classe ouvrière, de sa capacité à
s’organiser et à se servir de sa force, en ne faisant confiance
qu’à elle-même pour changer cette société.
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