mercredi 2 septembre 2015

71 morts en Autriche : le crime des passeurs... et des gouvernements

Article de l'hebdomadaire Lutte Ourière 2 Septembre 2015

  Jeudi 27 août, en Autriche, près de la frontière hongroise, 71 personnes, 59 hommes, huit femmes et quatre enfants, ont été retrouvés morts, sans doute asphyxiés, entassés à l’arrière d’un camion de 15 m3 abandonné sur la bande d’arrêt d’urgence d’une autoroute.
   Vendredi 28 août, un autre camion a été intercepté cette fois, après avoir été pris en chasse par la police car il refusait de s’arrêter lors d’un contrôle. 26 personnes y étaient entassées, dont trois jeunes enfants sévèrement déshydratés. Elles venaient de Syrie, du Bangladesh, d’Afghanistan, et voulaient se rendre en Allemagne.  
   Et il ne se passe pas de semaine sans que les obstacles accumulés contre la venue de migrants en Europe, principalement des Syriens et des Erythréens, ne provoquent de nouveaux drames. Les organisations de réfugiés estiment que, depuis 2000, plus de 22 000 migrants seraient morts en tentant de rejoindre l’Europe.

   Suite au drame survenu en Autriche, cinq personnes ont été arrêtées, qui feraient partie d’un réseau de passeurs. Mais ces réseaux qui profitent de la situation des migrants et les transportent dans des conditions criminelles ne sont pas les seuls responsables de ces morts, car aucun réfugié ne prendrait autant de risques et ne recourrait aux passeurs s’il lui était possible d’atteindre l’Europe autrement.

   Le nombre de migrants a augmenté fortement ces derniers mois du fait de la situation dramatique dans bien des pays, du Moyen-Orient en particulier. Mais, même en forte augmentation, ces arrivées resteraient tout à fait gérables pour les pays européens si la volonté de secourir ces êtres humains était réelle. On parle de 200 000 ou 300 000 personnes arrivées en Europe depuis janvier 2015. Qu’est-ce que cela représente pour un continent de 500 millions d’habitants regroupant les économies les plus riches du monde, les centres financiers les plus prospères ?
   
   « Notre pays a été détruit, nous avons connu quotidiennement les bombes, les assassinats, le sang et les morts », témoigne une syrienne de 29 ans. Aucun mur, aucune loi n’empêchera des hommes, des femmes et des enfants qui fuient l’horreur de la guerre ou la misère, de tenter leur chance, même en risquant leur vie. Les mesures prises par les gouvernements européens pour tenter de les empêcher de passer leurs frontières – murs, barbelés, contrôles, expulsions – sont les premières responsables de ces drames, en forçant les migrants à prendre toujours plus de risques.
Hélène COMTE

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