samedi 11 octobre 2014

Ebola : la passivité criminelle des grandes puissances



 Article du journal Lutte Ouvrière du 10 Octobre 2014
 
   Le 18 septembre, François Hollande annonçait que l'armée française allait installer « dans les jours qui viennent » un hôpital militaire en Guinée pour lutter contre l'épidémie d'Ebola. Il était même plus précis, promettant « d'associer des médecins militaires et la protection civile avec des moyens aériens ». Trois semaines après, non seulement cet hôpital n'a pas vu le jour, mais il s'avère que c'est la Croix-Rouge qui va devoir le prendre en charge.

   Selon le porte-parole du gouvernement guinéen, citant les réponses des officiels français, « les ressources humaines manquaient, compte tenu du déploiement de l'armée dans d'autres pays ».
Du côté américain, le président Obama avait promis 3 000 soldats au Liberia. Ils arrivent péniblement et ne sont que 200 aujourd'hui. Le Pentagone a précisé que les soldats américains n'auraient pas de contact direct avec les malades d'Ebola, mais un rôle de soutien aux agences civiles luttant contre la maladie.
    L'ONU, quant à elle, a créé une mission qui a commencé par installer son quartier général à Accra, la capitale du Ghana, à un millier de kilomètres de l'épidémie. Elle est censée assurer un rôle de coordination.

   Pendant ce temps, sur le front de la maladie, le personnel médical des pays concernés et les membres d'organisations humanitaires comme Médecins sans frontières (MSF) luttent pratiquement seuls. Même des médecins du Liberia, de Guinée ou de Sierra Leone spécialistes de la maladie meurent, faute d'avoir pris, à cause du surmenage et de la fatigue, des mesures de protection qu'ils connaissent parfaitement. 
   Médecins sans frontières a refusé un don de l'Australie, voulant affirmer par ce geste que c'est aux États de s'impliquer directement, en envoyant sur place du personnel, au lieu de sous-traiter la maladie aux organisations humanitaires désormais complètement débordées.

   Les grandes puissances savent mobiliser rapidement des moyens considérables quand leurs intérêts impérialistes sont en jeu, comme aujourd'hui au Moyen-Orient, ou en Afrique pour la France. Mais face à Ebola, alors qu'il s'agirait de sauver des milliers de vies humaines, leurs dirigeants font preuve de l'inertie la plus monstrueuse.
 Daniel Mescla


Dans la revue Sciences Humaines : 
 « Ebola : le virus de la pauvreté »

[Présentation – Actualité de la recherche] Sciences Humaines présente l’analyse de la crise Ebola en Afrique de l’ouest par David Quammen, l’un des plus célèbres chercheurs en épidémiologie, auteur de nombreux ouvrages dont Spillover. Animal Infections and the Next Human Pandemic publié en 2013.

[Résumé] David Quammen montre, dans un article paru dans le New York Times, que le virus Ebola qui sévit actuellement en Afrique de l’ouest n’est pas le point de départ de la prochaine pandémie mondiale – le futur « big one » épidémique planétaire. C’est un virus lié à la pauvreté, à certaines pratiques agricoles rurales et surtout à des pratiques alimentaires qui font entrer les chauves-souris – vecteur d'Ebola – dans l’alimentation de base (du fait de la pauvreté rurale). Ebola est un virus de la pauvreté.




Les trois pays les plus touchés, le Liberia, la Guinée et la Sierra Leone, comptent à peine un ou deux médecins pour 100.000 habitants.
La Sierra Leone devrait recevoir prochainement des renforts de Cuba, l'un des pays à la plus forte densité de médecins par habitant, qui a annoncé l'envoi de 62 médecins et 103 infirmiers dans ce pays.

Alors que les grandes puissances sont frappées d'inanition , c'est Cuba, un pays pauvre qui fournit une aide médicale !
 


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