Article du journal Lutte Ouvrière du 10 Octobre 2014
Le 18 septembre, François Hollande annonçait que
l'armée française allait installer « dans les jours qui viennent » un
hôpital militaire en Guinée pour lutter contre l'épidémie d'Ebola. Il était même
plus précis, promettant « d'associer des médecins militaires et la
protection civile avec des moyens aériens ». Trois semaines après, non
seulement cet hôpital n'a pas vu le jour, mais il s'avère que c'est la
Croix-Rouge qui va devoir le prendre en charge.
Selon le porte-parole du gouvernement guinéen, citant
les réponses des officiels français, « les ressources humaines manquaient,
compte tenu du déploiement de l'armée dans d'autres pays ».
Du côté américain, le président Obama avait promis
3 000 soldats au Liberia. Ils arrivent péniblement et ne sont que 200
aujourd'hui. Le Pentagone a précisé que les soldats américains n'auraient pas
de contact direct avec les malades d'Ebola, mais un rôle de soutien aux agences
civiles luttant contre la maladie.
L'ONU, quant à elle, a créé une mission qui a commencé
par installer son quartier général à Accra, la capitale du Ghana, à un millier
de kilomètres de l'épidémie. Elle est censée assurer un rôle de coordination.
Pendant ce temps, sur le front de la maladie, le
personnel médical des pays concernés et les membres d'organisations
humanitaires comme Médecins sans frontières (MSF) luttent pratiquement seuls.
Même des médecins du Liberia, de Guinée ou de Sierra Leone spécialistes de la
maladie meurent, faute d'avoir pris, à cause du surmenage et de la fatigue, des
mesures de protection qu'ils connaissent parfaitement.
Médecins sans frontières
a refusé un don de l'Australie, voulant affirmer par ce geste que c'est aux
États de s'impliquer directement, en envoyant sur place du personnel, au lieu
de sous-traiter la maladie aux organisations humanitaires désormais
complètement débordées.
Les grandes puissances savent mobiliser rapidement des
moyens considérables quand leurs intérêts impérialistes sont en jeu, comme
aujourd'hui au Moyen-Orient, ou en Afrique pour la France. Mais face à Ebola,
alors qu'il s'agirait de sauver des milliers de vies humaines, leurs dirigeants
font preuve de l'inertie la plus monstrueuse.
Daniel Mescla
Dans la revue Sciences Humaines :
« Ebola : le virus de la
pauvreté »
[Présentation – Actualité de la
recherche] Sciences
Humaines présente l’analyse de la crise Ebola en Afrique de l’ouest par
David Quammen, l’un des plus célèbres chercheurs en épidémiologie, auteur de
nombreux ouvrages dont Spillover. Animal Infections and the Next Human
Pandemic publié en 2013.
[Résumé] David Quammen montre, dans un article paru dans le
New York Times, que le virus Ebola qui sévit actuellement en Afrique de l’ouest
n’est pas le point de départ de la prochaine pandémie mondiale – le futur
« big one » épidémique planétaire. C’est un virus lié à la pauvreté,
à certaines pratiques agricoles rurales et surtout à des pratiques alimentaires
qui font entrer les chauves-souris – vecteur d'Ebola – dans l’alimentation de
base (du fait de la pauvreté rurale). Ebola est un virus de la pauvreté.
Les trois pays les plus touchés, le Liberia, la Guinée et la Sierra Leone, comptent à peine un ou deux médecins pour 100.000 habitants.
La Sierra Leone devrait recevoir prochainement des renforts de Cuba, l'un des pays à la plus forte densité de médecins par habitant, qui a annoncé l'envoi de 62 médecins et 103 infirmiers dans ce pays.
Alors que les grandes puissances sont frappées d'inanition ,
c'est Cuba, un pays pauvre qui fournit une aide médicale !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire