Article du journal Lutte Ouvrière 2225
Des dangers liés à l'énergie ou aux irresponsables qui la contrôlent ?
La catastrophe de la centrale de Fukushima, au Japon, relance l'inquiétude sur les dangers de l'énergie nucléaire, et plus précisément sur les dangers dérivant d'un accident dans une centrale et l'impréparation des responsables pour y faire face.
Depuis une cinquantaine d'années qu'existe l'industrie nucléaire, un certain nombre de risques liés à son exploitation sont connus, ainsi que les moyens d'y faire face, du moins pour la plupart d'entre eux, le problème du traitement des déchets nucléaires n'étant toujours pas résolu. En principe, toutes les mesures de sécurité devraient être correctement respectées pour empêcher au maximum que se produise un accident et, si cela arrive quand même - toute activité humaine comportant des risques -, en limiter les conséquences dramatiques à court et long terme.
En principe donc, car dans la réalité on est loin du luxe de précautions que devrait nécessiter cette industrie encore mal maîtrisée. La centrale de Fukushima a révélé que, pour faire des économies de-ci de-là, les responsables ne tiennent pas compte des avertissements sur les risques sismiques, rognent sur les protections des centrales en limitant le nombre de coffrages de ciment, sur l'installation des systèmes de refroidissement ou sur l'entretien courant. Plus que l'énergie nucléaire en elle-même, c'est l'irresponsabilité de ceux qui la gèrent, qu'il s'agisse d'entreprises privées, nationalisées ou d'État, comme à Tchernobyl, qui mène à la catastrophe.
Ce n'est pas là seulement le propre de l'énergie nucléaire. Le charbon a tué, et continue de tuer en Chine, en Afrique du Sud, mais aussi dans des pays riches comme les États-Unis et le Canada ; des dizaines de milliers de mineurs sont morts dans des catastrophes, ou à petit feu parce qu'ils ont été atteints de silicose. Le pétrole aussi a son lot d'accidents et de marées noires, comme récemment celle de BP dans le golfe du Mexique.
Ces énergies fossiles ont aussi des conséquences à long terme sur l'avenir de la planète, étant à la source du réchauffement climatique. Quant à l'énergie hydraulique, que l'on nous présente comme « propre », elle comporte aussi le risque de rupture de barrages, comme celui de Malpasset en France dans les années cinquante, avec la dévastation de toute une vallée.
Une catastrophe dans une mine ou sur un puits de pétrole peut déjà avoir des conséquences à grande échelle. Mais c'est sans doute encore plus vrai avec l'énergie nucléaire. Non seulement les travailleurs ou la population locale peuvent en être victimes, mais une vaste zone de la planète peut être contaminée, comme l'a montré l'explosion de la centrale de Tchernobyl. Et cette contamination, qui plus est, est là pour des siècles.
Tout cela devrait inciter les responsables à un redoublement de prudence. Mais dans ce système, le pouvoir de décision est entre les mains de ceux qui ont des capitaux et qui, pour cette raison, se permettent de faire ce qu'ils veulent dans ce qu'ils considèrent être leur « propriété », même si les enjeux vont bien au-delà, ce que montre la catastrophe de Fukushima.
Plus encore que le danger du nucléaire, c'est le danger qu'il y a à laisser la gestion de la société entre les mains de « décideurs » pour qui seul compte le critère du profit et sur lesquels la population n'a aucun contrôle. Laisser en place ces gens-là, en qui on ne peut mettre aucune confiance, c'est leur laisser le pouvoir de mettre en péril l'avenir de la planète.
Marianne LAMIRAL
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