Editorial Lutte Ouvrière 04/09/2017
Le
gouvernement a publié ses ordonnances modifiant le Code du travail. C’est une
attaque frontale contre le monde ouvrier.
L’attaque
majeure consiste à démolir le contrat de travail en permettant au patronat de
le remettre en cause quand il veut, comme il veut. Il pourra le faire par des «
accords d’entreprise », en face desquels, à cause de la pression du chômage,
les travailleurs devront s’incliner ou prendre la porte. Avec la réduction et
le plafonnement des indemnités prud’homales, le patronat aura la garantie que
même en cas de licenciement reconnu abusif cela ne lui coûtera pas cher.
Le fait que
le patron fasse sa loi dans l’entreprise est une réalité vieille comme le
capitalisme. Mais le mouvement ouvrier avait imposé quelques limitations. Le
but de ces ordonnances est de les faire voler en éclat.
Pénicaud met
en avant les intérêts des petites entreprises pour justifier cette réforme du
Code du travail. Et les médias nous montrent des petits patrons qui considèrent
les militants syndicaux comme des empêcheurs d’exploiter en paix, se
réjouissant à l’idée de pouvoir imposer tout ce qu’ils voudront à leurs
salariés. Mais il ne faut pas se laisser tromper. C’est le grand patronat qui
est à la manœuvre et c’est pour son compte que le gouvernement agit.
Il y a déjà
les mesures qui le favorisent directement. Une multinationale réalisant des
milliards de bénéfices à l’échelle mondiale pourra, en prétendant qu’une de ses
filiales est en difficulté à l’échelle du pays, fermer une usine en n’ayant
presque plus rien à justifier et encore moins de dédommagements à payer aux
salariés. Plus fondamentalement, le gouvernement mène l’offensive contre les
travailleurs pour le compte de la classe capitaliste dans son ensemble et ce
sont toujours les plus puissants qui y gagnent le plus.
Alors, nous,
travailleurs, devons d’abord dire haut et fort notre opposition à ces
ordonnances et aux mesures antiouvrières qui se sont accumulées depuis trois
mois. Nous devons le faire par fierté ouvrière.
Laurent
Berger de la CFDT a dit qu’il était « déçu » par ces ordonnances.
Jean-Claude Mailly de FO s’est félicité d’avoir « bloqué plein de choses »,
ajoutant que « ça aurait pu être la bérézina ». Ces dirigeants syndicaux
parlent comme de mauvais avocats après un procès perdu. Il ne faut pas les
laisser parler en notre nom.
La CGT
appelle à la grève et à manifester le 12 septembre. Elle nous donne l’occasion
de protester. Nous devons le faire. Une direction syndicale qui chercherait à
regrouper et à mobiliser la classe ouvrière face à un tel gouvernement de
combat contre les travailleurs ne se limiterait pas à annoncer une simple
journée d’action et chercherait à populariser un véritable plan de mobilisation.
Mais cette journée permettra au moins de faire entendre la voix de ceux qui
protestent du point de vue des intérêts des travailleurs. C’est nécessaire.
D’autant
plus qu’il ne s’agit que de la première bataille contre ce gouvernement et
qu’il y en aura d’autres. Pierre Gattaz, le représentant du grand patronat, a
dit que cette loi sur la législation du travail serait le « marqueur du
quinquennat Macron ». Après l’augmentation de la CSG, le gouvernement
lui-même a annoncé la suite de ses offensives, à commencer par l’assurance
chômage. Nous aurons à nous battre. Le patronat et le gouvernement nous y
contraindront. Et nous devons reprendre confiance en notre force collective qui
est considérable parce que nous faisons tout tourner.
Le pouvoir
des Macron et Philippe est fragile. Nous pouvons les arrêter si nous y sommes
déterminés. Avant 1968, de Gaulle était présenté comme incarnant un « pouvoir
fort ». Ce constat de résignation était le prétexte des directions syndicales
de l’époque pour justifier leur passivité. Et il y a eu l’explosion de mai
1968. Des grèves se sont répandues comme une trainée de poudre dans tout le
pays. C’est ce genre d’explosion ouvrière qui rendra aux travailleurs la
conscience de la force sociale immense qu’ils représentent quand ils se battent
tous ensemble pour leurs intérêts de classe.
Macron n’est
pas de Gaulle. Loin de là. Les limites de son autorité commencent à se voir. Il
sera contesté. Mais toutes les oppositions qui ne viendront pas de la classe
ouvrière ne renforceront pas notre camp social. Les travailleurs ne pourront
compter que sur leurs mobilisations, sur leur terrain, dans les usines, les
bureaux et dans la rue.
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