Editorial Lutte Ouvrière du 15/05/2017 après la désignation du 1er ministre par Macron
Emmanuel
Macron a donc nommé comme Premier ministre un politicien de droite, Édouard
Philippe, maire du Havre et fidèle lieutenant d’Alain Juppé. Ce Juppé dont bien
des travailleurs ont des raisons de se souvenir.
En 1995, alors Premier
ministre de Chirac, il s’était attaqué aux retraites et à la Sécurité sociale.
Devant le large mouvement de grèves et de manifestations que son projet avait
déclenché, il s’était vanté de « rester droit dans ses bottes ». Il avait dû
reculer devant la mobilisation !
Jusqu’à
présent, droite et gauche se passaient le relais au pouvoir pour mener la
politique anti-ouvrière voulue par le grand patronat. Cette fois-ci, elles la
mèneront ensemble. Édouard Philippe mettra en œuvre la politique annoncée par
Emmanuel Macron. Ils veulent démolir le code du travail, laisser les mains
libres au grand patronat pour licencier, suppriment des emplois, fermer
des usines. Et ils veulent supprimer 120 000 postes de fonctionnaires.
Avec la
collaboration du gouvernement, le grand patronat accentuera sa guerre sociale
contre le monde du travail avec toujours la même recette : intensifier le
travail des uns et se débarrasser des autres pour accroître les dividendes.
Vivarte, Tati, Mim, Whirlpool ou GM&S Industry sont les derniers exemples
en date de cette politique. GM&S Industry est particulièrement révélateur.
PSA et Renault, qui sont les donneurs d’ordre de ce sous-traitant automobile,
ont planifié la mise à mort de cette usine de 300 salariés dans la Creuse.
Renault et PSA ont fait des bénéfices record l’an dernier, 3,5 milliards
d’euros pour l’un et 2,15 milliards d’euros pour l’autre. Et on peut être
certain que dès la fin de la période électorale, d’autres fermetures
d’entreprises et d’autres plans de compétitivité seront révélés.
Voilà le
contexte dans lequel arrivent les élections législatives. À cause du profond
discrédit qui frappe le PS et la droite, tous les leaders politiques jouent la
comédie du renouveau. Et il est impossible de prévoir qui, entre les
macronistes, la droite, le FN ou La France insoumise, tirera son épingle du jeu
de cette recomposition politicienne. Mais il est certain que la nouvelle
majorité sera au service des riches et qu’aucune opposition parlementaire ne
représentera le camp des travailleurs.
Le monde du
travail ne pourra compter que sur l’opposition qu’il fera naître par ses
luttes. Mais à condition que celles-ci se mènent sur un terrain de classe,
correspondant aux intérêts des exploités et non pas derrière des illusions
réactionnaires. Des combats menés sur des terrains comme celui du
protectionnisme, qui ne protège que le patronat d’ici, ou stigmatisant une
partie des travailleurs ne feraient que diviser le camp des exploités, le
démoraliseraient et l’affaibliraient.
Le Front
national, pour lequel une partie des travailleurs a voté, est le principal
colporteur de ces idées empoisonnées. Il veut faire des travailleurs immigrés
des boucs-émissaires. Et sous prétexte de défendre les entreprises françaises,
c’est-à-dire en fait les capitalistes français, il montre du doigt les
travailleurs d’autres pays d’Europe ou d’ailleurs. Mais le Front national n’a
pas l’exclusivité de la démagogie nationaliste. Et celle-ci est tout aussi
nocive quand elle est défendue par le PCF ou par Jean-Luc Mélenchon.
La force des
travailleurs est dans la conscience de leurs intérêts communs face à la classe
capitaliste. En faisant entendre le camp des travailleurs, Nathalie Arthaud a
levé le drapeau de cette conscience de classe à l’élection présidentielle. Aux
élections législatives, Lutte ouvrière présente des candidats dans toutes les
circonscriptions de métropole et à La Réunion, ainsi qu’en Guadeloupe et en
Martinique avec Combat ouvrier.
Tous sont
des travailleuses et des travailleurs. Leurs candidatures permettront à ceux
qui se sont reconnus dans la campagne de Nathalie Arthaud à l’élection
présidentielle de prolonger leur vote. Elles permettront aussi à ceux qui ont été
touchés par ce qu’a dit Nathalie Arthaud mais qui ont cru au « vote utile », de
ne pas se laisser détourner cette fois-ci de leur premier choix et de voter
pour leur camp.
Faire
entendre à nouveau les exigences du monde de travail aux élections législatives,
montrer la persistance du courant qui les incarne, c’est le meilleur moyen de
nous préparer à les défendre dans les luttes de demain.
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