Editorial 01/05/2017
À l’approche
du second tour, les candidats recherchent des ralliements. Du côté de Macron,
c’est l’union sacrée, de Valls et Hollande à Fillon et Sarkozy, en passant par
le revenant Borloo ! Le Pen, elle, a prétexté l’accord avec la girouette
Dupont-Aignan pour enterrer la sortie de l’euro. Si elle était élue, ses
engagements sur le maintien des 35 heures ou pour une retraite à 60 ans
seraient aussi oubliés : les promesses électorales d’une démagogue n’engagent
que ceux qui y croient.
La semaine
dernière, pour faire croire qu’elle est une candidate du peuple, elle est allée
faire des selfies avec les ouvriers de l’usine Whirlpool d’Amiens, qui doit
fermer dans un an.
Au fil des années, les effectifs de cette usine, qui comptait 1200 salariés dans les années 1980, ont fondu. La production et les cadences ont augmenté, avec ce que cela implique de maladies professionnelles et d’accidents du travail. Les ouvriers ont dû accepter les samedis travaillés obligatoires et la suppression de RTT. Les profits de Whirlpool ont atteint 850 millions l’an dernier. Contre tout cela, Le Pen n’a jamais protesté, parce qu’elle elle respecte le sacro-saint pouvoir capitaliste !
Les mesures
qu’elle propose aujourd'hui sont dérisoires. Taxer les importations ? Mais
cela se traduirait par une augmentation des prix ici, et par des droits de
douane à l’étranger, et donc le chômage pour les salariés français qui
travaillent à l’exportation.
Quel que
soit l’élu, l’usine d’Amiens fermera, tout comme Florange a fermé malgré les
promesses de Hollande. Ses 290 salariés seront licenciés et ses sèche-linges
seront fabriqués en Pologne par des ouvriers gagnant 400 euros par mois.
Whirpool augmentera ses profits et les actionnaires seront choyés.
Macron,
l’ancien banquier, ne veut pas gêner les propriétaires de Whirlpool. Il parle
de formation, de reclassements et de nouveaux emplois, mais c’est du
vent : il veut même supprimer 120 000 emplois publics !
Les
électeurs sont sommés de choisir entre ces deux bonimenteurs. Mais ce choix
n’en est pas un !
Malgré sa
quête de respectabilité, Le Pen est issue de l’extrême droite xénophobe,
homophobe et antisémite, à l’image de l’ex-président du FN capable de nier
l’existence des chambres à gaz. Elle oppose les Français, dont elle brigue les
suffrages, aux étrangers. Autrement dit, elle dresse des travailleurs contre
d’autres travailleurs. Elle rendrait la vie plus dure aux étrangers, puis aux
immigrés même français, puis à tous les travailleurs ! Laisser attaquer
les plus vulnérables, c’est se préparer à accepter les coups contre tous.
Le Pen
imposerait un régime plus dur contre les syndicats et les associations qui ne
sont pas assez dociles. C’est ce que font déjà des municipalités FN, qui
privent de locaux ou de subventions des associations aussi utiles que le Secours
populaire ou les Restos du Cœur.
Alors, le
vote Le Pen doit être laissé aux nostalgiques de l’Algérie française, aux
policiers racistes, aux bourgeois qui détestent les pauvres ! Pour un
travailleur, voter pour elle, c’est voter contre ses propres intérêts.
Quant à
Macron, son dévouement à la classe capitaliste est sans faille. Comme
ministre, il a fait adopter une loi qui a étendu le travail du dimanche,
facilité les licenciements économiques et réduit les recours aux prud’hommes
pour les salariés. Il a ensuite inspiré la loi El Khomri, dans ses aspects les
plus anti-ouvriers, comme le plafonnement des indemnités prud’homales, que le
gouvernement a dû retirer face à la colère du monde du travail. Et Macron veut
maintenant poursuivre cette offensive, y compris par ordonnances pour s’éviter
même un débat parlementaire. Il veut démanteler le code du travail, augmenter
la CSG et réduire l’ISF à quasiment rien. Il est logique que la Bourse ait
flambé après le premier tour !
Au second,
on voudrait que les travailleurs choisissent entre deux maux. Il faut refuser
ce chantage. C’est pourquoi Nathalie Arthaud et les militants de Lutte ouvrière
voteront blanc.
Celui ou
celle qui va succéder à Hollande sera un ennemi résolu du monde du travail. Il
faut que les travailleurs se préparent à défendre leurs intérêts, avec les
armes de la lutte de classe. Il ne faut pas nous diviser, entre Français et
étrangers, entre chômeurs et travailleurs en activité. Il faut reconstruire un
parti qui représente nos intérêts de classe. Nous organiser pour lutter :
quel que soit le futur locataire de l’Elysée, nous en aurons bien besoin.
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