Editorial Lutte Ouvrière 17/04/2017
À l'approche
de la présidentielle, on annonce que quatre candidats pourraient avoir des
résultats proches. Si cela accroît l'incertitude sur la personne qui remplacera
Hollande, il n'y a pas de doute à avoir sur la politique qu'elle mènera, qui
sera dictée par les patrons des grandes entreprises et des banques.
Avant son
élection, Hollande avait dit que son premier ennemi serait la finance et qu'il
la combattrait. Élu, il n'a même pas fait mine d'appliquer cette promesse. Il
s'est incliné devant les exigences des capitalistes en leur versant des
dizaines de milliards d'euros d'argent public. Il a fait adopter les lois
Macron et El Khomri, qui ont démantelé le code du travail, facilité les
licenciements, augmenté la précarité sans autant créer d'emplois.
On comprend donc que bien des travailleurs ayant voté Hollande en 2012, désorientés, ne veuillent plus croire aux discours. Pourtant le petit jeu de la démagogie et des fausses promesses est reparti.
Bien sûr, le
candidat de la droite Fillon n'a pas besoin de faux semblants pour satisfaire
son public. Il dit qu'il s'en prendra aux services publics, aux fonctionnaires
et à ce qu'il reste du code du travail. Mais Macron n'est guère différent. En
fait de renouveau, il annonce qu'en matière sociale il poursuivra ce qu'il a
fait comme ministre de Hollande et qu'il gouvernera par ordonnances. Il ne
cache pas que sa politique serait faite de nouvelles attaques contre les
travailleurs.
À l'extrême
droite, Marine Le Pen voudrait profiter du désarroi créé par le quinquennat Hollande
pour jouer à la candidate des pauvres et des petites gens. En fait, elle
n'envisage pas une seconde de s'en prendre au grand patronat et à ses
milliards. Son ennemi n'est pas la finance, mais les plus pauvres des
travailleurs, les migrants, les sans-papiers, les immigrés en général, comme si
les exploiteurs étaient de ce côté-là ! Elle divise les travailleurs, en
les incitant à s'en prendre aux plus pauvres d'entre eux. C'est se montrer pour
ce qu'elle est : une ennemie mortelle du monde du travail.
À gauche,
Hamon et Mélenchon veulent se distinguer de la politique qu'a menée le Parti
socialiste, dont ils sont issus. Selon les sondages les chances de Mélenchon
seraient en hausse. Mais même s'il était élu, il n'y aurait aucune raison de
lui faire plus confiance qu'à Hollande. Il se comporterait comme lui, et pour
la même raison : en réalité, ce n'est pas l'élu à l'Élysée qui décide de
la politique à mener car le grand patronat, les banques, les marchés financiers
la lui dictent.
On l'a vu
non seulement en France, mais en Grèce, dont la population a subi un
appauvrissement dramatique pour payer les milliards d'intérêts exigés par les
banques. Élu pour tenter de leur résister, le gouvernement Tsipras a rapidement
capitulé. Il s'est fait l'agent payeur qui reverse aux banquiers l'argent
soutiré à la population grecque.
Si Mélenchon était élu et même s'il voulait tenir ses promesses, il ne tiendrait pas le peu de temps qu'a tenu Tsipras. Il capitulerait, prendrait le tournant de l'austérité et dirait qu'il se heurte au “mur de l'argent”. Les dirigeants de la gauche de gouvernement ont toujours justifié ainsi leurs reculs, feignant de découvrir ce “mur”, qui n'est fait que de la volonté de la grande bourgeoisie capitaliste d'imposer ses choix. Comme s'ils n''avaient pas connu son existence avant !
Mélenchon ou
Hamon peuvent faire semblant de ne pas voir ce mur, mais pas les travailleurs.
Ils n'ont pas à conquérir un poste, mais à défendre leurs conditions
d'existence face aux attaques qu'ils subiront de toute façon, quel que soit
l'élu. Ils ne peuvent faire comme si le mur n'existait pas.
Alors, pour
dire que ce mur est là et qu'il faut se donner les moyens de l'abattre, Lutte
ouvrière présente la candidature de Nathalie Arthaud.
Les
exigences des travailleurs sont d'interdire les licenciements, de répartir le
travail entre tous, d'augmenter les salaires et pensions, de contrôler les
comptes des entreprises et de l'État. L'imposer ne se fera pas par une
élection. Il faudra mobiliser toute la force des travailleurs, dans les
entreprises et dans la rue, pour battre en brèche la résistance patronale.
Voter
Nathalie Arthaud, ce sera pour les travailleurs exprimer ce que sont leurs
nécessités vitales. Mais ce sera aussi se préparer à lutter pour les imposer.
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