Editorial 13/03/2017
À
la différence du dernier costume de Fillon, de la dernière petite
phrase de Macron ou de Le Pen, une information n’a pas fait l’actualité.
Et pourtant, elle en dit plus sur la réalité du pays : en 2016, les
entreprises du CAC 40 ont fait 76 milliards d’euros de profits, soit un
tiers de plus que l’année précédente. Et encore cela ne concerne-t-il
que les 40 plus grandes entreprises cotées en bourse, sans compter les
groupes familiaux comme Auchan, Sodexo, Leclerc, Lactalis, Chanel,
Servier, Leroy-Merlin et quelques autres, qui enrichissent tout autant
leurs actionnaires.
Les grandes firmes répètent qu’elles ne peuvent embaucher. Mais 76
milliards d’euros, c’est l’équivalent de deux millions d’emplois !
On nous ressasse que les caisses de l’État sont vides. Mais 76
milliards permettraient de financer 700 000 logements ou encore 230
grands hôpitaux !
Ces 76 milliards et les autres profits capitalistes ne seront pas
consacrés à ce qui serait utile à la population. Ils ne seront même pas
consacrés à l’investissement, sauf à la marge. Ils iront alimenter le
puits sans fond de la spéculation, ce qui menace la société d’un nouveau
krach financier, semblable à celui de 2008, ou pire encore. Ils seront
versés sous forme de dividendes aux actionnaires, ce qui explique qu’en
France, les riches prospèrent. C’est comme cela qu’un Bernard Arnault,
patron du groupe de luxe LVMH, peut doubler sa fortune en cinq ans.
Les grands bourgeois qui possèdent ces entreprises se paieront les
services de politiciens. Ainsi un milliardaire peut payer l’épouse de
Fillon 100 000 euros à ne rien faire dans une revue qui lui appartient.
Ainsi, un autre, ou le même, peut lui offrir pour 48 500 euros de
costumes de luxe. Pour les milliardaires qui dirigent le pays, de telles
menues dépenses sont fondées : la mise en œuvre du programme de Fillon
serait un magnifique retour sur investissements.
Ni Fillon, ni Macron, ni Hamon, ni Le Pen ne dénoncent les profits
colossaux des grandes banques et des multinationales. Aucun d’entre eux
n’envisage de s’en prendre à ces profits pour s’attaquer au fléau du
chômage. Au contraire, ils veulent réduire l’impôt sur les sociétés, les
cotisations sociales, abaisser voire supprimer l’impôt sur la fortune.
Les bénéfices dégagés par les grandes firmes montrent que les moyens
existent. La société n’est pas pauvre. Mais la rapacité des capitalistes
abaisse le niveau de vie des salariés, ravage celui des chômeurs. Leur
soif de profit menace les sous-traitants, petits entrepreneurs,
artisans, éleveurs, cultivateurs, dont les marges sont laminées, et qui
sont sacrifiés pour la prospérité des Carrefour, Lactalis et autres
Bouygues.
Alors, dans cette campagne, il faut que le camp des travailleurs soit
entendu. C’est pourquoi Lutte ouvrière présente la candidature de
Nathalie Arthaud. À la différence des principaux candidats, elle ne vise
pas un fauteuil à l’Elysée. Elle veut porter les exigences du monde du
travail.
- Pour éradiquer le chômage, il faut prendre sur les profits pour répartir le travail entre tous, sans perte de salaire. Il faut interdire les licenciements et les plans de suppressions d’emplois.
- Pour ne plus avoir à compter chaque euro, il faut augmenter les salaires et les pensions de 300 euros. Pas un salarié ne devrait gagner moins de 1 800 euros net par mois. C’est utopique, expliquent les commentateurs ? Le smic n’a augmenté que de 15 % en dix ans, quand les salaires des PDG s’envolaient de 65 %.
- Pour en finir avec la dictature que font peser 250 multinationales sur l’économie, il faut supprimer le secret des affaires. Aujourd'hui, une firme comme PSA peut faire un profit historique de 2,15 milliards d’euros et arroser ses actionnaires après avoir prétendu être au bord de la faillite, un prétexte utilisé pour fermer une usine et supprimer au total 17 000 emplois. Les travailleurs font tourner toutes les entreprises : ils doivent pouvoir les contrôler.
- Pour des services publics utiles à la population, il faut que l’argent de l’État aille aux écoles des quartiers populaires, aux transports en commun, au logement, aux hôpitaux et à la santé publique, et non au patronat.
Voter Nathalie Arthaud, c’est faire entendre ces exigences
aujourd'hui. Et c’est dire que demain, les travailleurs devront les
imposer ensemble, par des luttes collectives, des grèves et des
manifestations de masse, quel que soit le nouveau président.
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