Editorial 20/03/2017
Le week-end
dernier, Hamon et Mélenchon ont tenté de relancer leurs campagnes. Hamon a
critiqué « le parti de l’argent », visant Le Pen, Fillon et Macron.
Le Pen, qui avait sous-estimé son patrimoine pour échapper à l’impôt sur la
fortune, est une bourgeoise. Elle est toujours en pointe pour opposer les
travailleurs français aux travailleurs étrangers, qui sont nos frères de
classe, comme les sans-papiers en grève de Rungis. Rien qu’en voulant nous
diviser, elle sert le grand patronat.
Fillon et
Macron ne se cachent pas, eux, de vouloir servir les riches. Allégement ou
suppression de l’impôt sur la fortune, hausse de la TVA, attaques contre les
retraites, ou encore suppression de postes dans le secteur public : tout
leur programme est destiné aux privilégiés.
Mais quelle
politique portent Hamon et Mélenchon ? Le PS nous a habitués à faire des
promesses électorales… avant de les renier. En 2012, Hollande avait fustigé
« la finance », et la finance ne s’est jamais aussi bien portée. Dans
un meeting à Bercy, Hamon s’est moqué de Macron : « Vous êtes
chômeurs ? Créez votre entreprise ! Vous êtes pauvres ? Devenez milliardaires !
». Mais, en guise de « futur désirable », Hamon promet un revenu
universel qui se réduit avant même l’élection ; autrement dit : « Vous
êtes pauvres ? Restez pauvres ! » Non merci !
Si Mélenchon
est en concurrence avec Hamon, son ancien camarade du PS, sa campagne est
semblable. Le leader de la France insoumise a organisé une marche le 18 mars,
anniversaire de la Commune de Paris de 1871. Pour la première fois dans
l’histoire, les travailleurs avaient alors exercé le pouvoir, pris lors d’un
soulèvement et défendu par les armes. Mais que propose Mélenchon ? Une
autre Commune ? Non, de voter pour lui, pour que la classe politique « dégage »
et qu’une VIe République soit mise en place. C’est se moquer des travailleurs :
rien d’essentiel ne sera modifié par l’élection présidentielle. Certes,
Hollande « dégagera ». Mais ceux qui exercent le pouvoir réel seront
toujours là : Arnault, Bettencourt ou Drahi de SFR ne tiennent pas le
pouvoir des élections ou de la Constitution, mais du capital.
Ils savent
que leurs intérêts seront préservés. Aucun des principaux candidats ne met en
cause le pouvoir capitaliste et la guerre sociale menée par les grands actionnaires.
En 2016, les
seules entreprises du CAC 40 ont réalisé 76 milliards d’euros de profits.
Combien de suppressions de postes, de pauses rognées, d’heures non payées, de
cadences accrues, de maladies professionnelles, voire d’accidents du travail,
a-t-il fallu pour cela ? C’est par une exploitation accrue que les grands
groupes capitalistes dégagent de tels profits, dont l’essentiel est distribué
aux actionnaires.
Quant à
l’État, il a su trouver, par le pacte de responsabilité, 41 milliards d’euros
de cadeaux au patronat chaque année. Au prix de quelles économies sur les
hôpitaux, les écoles, les retraites ou les collectivités locales ?
Alors, non,
l’élection présidentielle ne fera « dégager » aucun des vrais maîtres
de la société.
Mais elle a
une utilité, celle que les élections ont toujours eue pour le mouvement
ouvrier : se faire entendre. C’est le sens de la candidature de Nathalie
Arthaud. Elle ne se présente pas en disant : « Votez pour moi, je
changerai les choses. » Elle dit : « Ensemble, faisons entendre
les exigences du monde du travail. »
Pour mettre
fin au chômage, il faut répartir le travail entre tous, sans perte de salaire.
Comment accepter que des firmes qui font d’énormes profits mettent à la rue
leurs salariés ? Il faut interdire les licenciements et les suppressions
d’emplois.
Pour que
chacun ait les moyens de vivre décemment, il faut augmenter les salaires, les
pensions et les allocations, personne ne doit être contraint de vivre avec
moins de 1 800 euros net.
Les
travailleurs font fonctionner les entreprises. Ils doivent pouvoir les
contrôler. Le dernier scandale en date, la fraude par Renault des contrôles
anti-pollution, n’a été possible qu’en raison du secret auquel sont tenus les
salariés, au mépris de la santé publique. Alors il faut lever le secret des
affaires.
Rien de cela
ne sera imposé sans des luttes massives et puissantes du monde du travail. Mais
en votant pour Nathalie Arthaud, les travailleurs diront qu’ils partagent ces
exigences. Ils affirmeront ainsi que, face à une classe capitaliste dont
l’avidité n’a pas de limite, ils ne se laisseront pas faire, quel que soit le
président élu.
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