Editorial Lutte
Ouvrière 13/02/2017
L’agression
dont le jeune Théo a été victime à Aulnay-sous-Bois est révoltante. Ce passage
à tabac par quatre policiers, ce viol avec une matraque, ces humiliations
racistes sont insupportables.
Et
l’injustice continue : un viol ayant entraîné une déchirure de 10
centimètres est jugé « non-intentionnel » par l’IGPN ! Des
jeunes accusés d’avoir jeté des pierres sont déjà condamnés par des tribunaux à
de la prison ferme, tandis que les quatre policiers sont laissés en liberté. Au
nom de la présomption d’innocence ? Mais de quelle présomption Théo a-t-il
bénéficié ? Aux yeux de la police, les jeunes qui passent un moment en bas
de leurs immeubles sont présumés coupables, voire des « bamboulas »,
comme l’a justifié un syndicaliste policier !
Fillon a
expliqué que « la police, la gendarmerie, les forces de
sécurité […] n'ont rien à voir là-dedans » ! En prenant le
parti des bourreaux contre leur victime, il est dans son rôle de défenseur de
l’ordre social capitaliste. Et Le Pen aussi, qui a pris la défense des policiers,
tandis qu’un responsable du FN traitait Théo de « racaille » !
Théo a
survécu et peut témoigner. Mais qu’a subi le jeune Adama Traoré, mort le 19
juillet dernier dans la gendarmerie de Beaumont-sur-Oise ? La
« bavure » d’Aulnay n’est pas un cas isolé. Chaque année, des jeunes
et des moins jeunes meurent à la suite de l’intervention de la police. Les
interpellations qui tournent mal parce que certains policiers se comportent
comme en territoire ennemi sont légion. C’est ce que dénonçaient samedi ceux qui
ont manifesté à Bobigny, et qui ne se résument pas aux casseurs.
Les
policiers sont certes en première ligne face à bien des violences qu’engendre
la désagrégation de notre société. Mais renforcer leurs pouvoirs ne fera
qu’empirer les choses. Le PS est revenu sur la mesure symbolique qu’aurait été
la délivrance d’un récépissé lors d’un contrôle d’identité. Il veut assouplir
les règles d’utilisation des armes, reprenant ainsi, avec le soutien de la
droite et du FN, les revendications policières. La société que cela nous
prépare, c’est celle des États-Unis, où les policiers ont un permis de tuer.
Il faut au
contraire lutter contre les inégalités et contre ce chômage de masse qui
gangrène la société et confisque toute perspective d’avenir aux jeunes des
quartiers populaires.
Théo a 22
ans et est au chômage, comme tant de jeunes des classes populaires. À 22 ans,
Charles, le fils de François Fillon, étudiant en droit, avait un job
d’étudiant : il était assistant de son père sénateur, et gagnait
4 846 euros par mois… pour un travail qui n’a laissé aucune trace. Tout
comme sa sœur Marie, payée 3 806 euros mensuels ! Aujourd'hui, le
fils Fillon est avocat d’affaires et peut gagner en une année ce que Théo ne
gagnera pas en une vie.
La voici,
notre société : le racisme, l’exclusion et la répression pour la jeunesse
des classes populaires ; les passe-droits et les privilèges pour les fils
à papa !
Cette
injustice, entre la jeunesse brisée de Théo et celle, dorée, des enfants
Fillon, n’est qu’un exemple criant de celle qui traverse toute la société,
entre ceux qui tentent de vivre de leur travail, et ceux qui considèrent que
tout leur est dû. Les grandes fortunes reçoivent chaque jour en dividendes ce
qu’une famille ouvrière ne peut gagner en une année, voire en une vie. Liliane
Bettencourt, une des grandes fortunes françaises, empoche chaque semaine plus
d’un million d’euros de dividendes de L’Oréal et ne paie même pas l’impôt sur
la fortune.
Les affaires
Fillon et Théo sont des leçons de choses : les riches ont tous les droits
et les pauvres n’ont que des devoirs. La police et la justice, l’appareil de
l’État sont au service des premiers contre les seconds. Cette expérience, bien
des manifestants contre la loi travail l’avaient faite au printemps 2016 ;
et des dizaines d’entre eux sont poursuivis. Ce que vivent les jeunes des
quartiers, c’est un autre aspect de cet ordre social injuste.
Alors,
soyons nombreux, dans les semaines et dans les mois à venir, à exprimer notre
colère contre l’ordre social de la bourgeoisie. Soyons nombreux à dire que nous
ne voulons plus de ces inégalités, de l’exploitation, et du racisme qui va
avec. Soyons nombreux à faire entendre le camp de ceux qui, quelle que soit
leur nationalité, leur religion, la couleur de leur peau, combattent la domination
des plus riches sur cette société et toutes les violences qu’elle
charrie.
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