Editorial des bulletins d'entreprise Lutte Ouvrière du 3 Mars 2014
Le compte à
rebours des élections municipales est lancé. Sauf dans les petites
communes, ces élections voient s’affronter des listes présentées par les
différents partis. Mais bien malin est celui qui peut dire, à coup sûr,
à quel parti se rattache telle ou telle liste, tel ou tel candidat.
Les candidats du PS, craignant de pâtir du discrédit gouvernemental,
ne tiennent pas à mettre en avant leur étiquette et insistent pour que
l’on ne parle que du local. Et cela va bien, au fond, aux candidats de
droite car l’UMP n’est pas, par les temps qui courent, une si bonne
carte de visite.
Ils veulent ainsi dépolitiser ces élections. Comme si ces programmes
locaux et leur financement ne dépendaient pas eux aussi de la politique
nationale ! Il ne faut pas entrer dans leur jeu.
Cela va faire deux ans que Hollande est au pouvoir. Il a lanterné les
travailleurs et laissé le chômage exploser, en justifiant les
licencieurs. Non seulement le gouvernement a fait cadeau sur cadeau au
patronat, mais il l’a aidé à aggraver l’exploitation, au nom de la
compétitivité.
Élu sur le slogan « le changement c’est maintenant », Hollande
continue la politique de Sarkozy. Comme la droite, il sacrifie les
travailleurs sur l’autel des profits du patronat. Et il faudrait que les
travailleurs ne disent pas leur colère ? Il faudrait qu’ils attendent
l’élection de 2017 ? Il n’y a pas de raison !
Ces élections municipales, suivies des européennes, tombent à point
nommé pour que les travailleurs, les chômeurs, les retraités, écœurés
par cette politique, la dénoncent. La droite et l’extrême droite n’ont
pas le monopole de l’opposition ! Les travailleurs peuvent faire
entendre leur camp et leurs intérêts de classe.
Les candidats se disent tous « à l’écoute des habitants ». Mais ce
qui changerait la vie de millions de femmes et d’hommes serait d’avoir
un travail en CDI, à temps plein et de ne plus être ballotés de petits
boulots en petits boulots. Ce serait d’être assurés de toucher un
salaire permettant de payer factures, loyers et traites.
Même les dits problèmes « locaux », l’habitat, les transports,
relèvent d’un rapport de force général. Car les 50 milliards de coupes
dans les budgets publics prévues par le gouvernement se feront justement
dans les transports, dans les budgets consacrés au logement, à la
santé, à l’éducation !
La compétitivité cela signifie des licenciements |
Pour la bourgeoisie, le bilan de ces cinq années de crise est
positif. Elle a réussi, avec l’aide des gouvernements successifs, à
s’approprier une partie de plus en plus importante des richesses en
aggravant l’exploitation et en se servant dans les caisses publiques.
Pour l’écrasante majorité de la population, il s’agit d’un recul dans
les conditions de travail et d’existence. Il faut montrer au
gouvernement qu’il ne pourra pas continuer éternellement dans cette
voie.
Du Parti socialiste au Front national, en passant par la droite, tous
sont d’accord pour prêcher aux travailleurs l’attentisme si ce n’est la
résignation. Les uns comme les autres défendent l’idée qu’il faut
d’abord et avant tout retrouver de la compétitivité, gagner des marchés
et de la croissance, c’est-à-dire améliorer les affaires et les profits
de la bourgeoisie.
Les travailleurs ne doivent se laisser lanterner ni par les uns ni par les autres, ils doivent avancer leurs exigences.
On ne fera pas reculer le chômage sans imposer l’interdiction des
licenciements, la répartition du travail entre tous et des embauches
massives. Les travailleurs doivent affirmer leur volonté de se défendre
aussi contre la démolition de leur pouvoir d’achat et de leurs droits
sociaux.
Imposer ces revendications vitales dépendra de la combativité du monde du travail dans son ensemble et de sa capacité à renouer avec les luttes massives.
Imposer ces revendications vitales dépendra de la combativité du monde du travail dans son ensemble et de sa capacité à renouer avec les luttes massives.
Mais dans les élections, chacun, individuellement peut faire
le geste d’affirmer ces revendications.
Renouer avec les luttes massives, ici Mai 68 |
C’est avec cet objectif que Lutte Ouvrière a constitué des listes
pour les élections municipales dans les grandes villes et les villes
ouvrières du pays pour faire entendre le camp des travailleurs. Dans les
élections européennes qui suivront, Lutte Ouvrière se présentera avec
le même objectif.
Ces listes signifieront le rejet de cette politique antiouvrière qui
consiste à lanterner les travailleurs et à leur demander de patienter
alors même que tout est fait pour démolir leurs conditions d’existence.
Elles permettront à ceux qui le veulent de faire un geste politique
sans ambiguïté, celui d’affirmer les revendications des travailleurs, la
dignité ouvrière, la fierté d’appartenir à une classe sociale qui
produit tout et fait vivre la société.
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