jeudi 27 mai 2010

Interventions lors du conseil du 27 mai 2010

Intervention à propos de la demande de garantie pour les emprunts souscrits par Logial pour financer le début de l’opération ANRU (point 50)

Un peu plus de cinq ans après le lancement du Programme national de rénovation urbaine, un bilan a été présenté par le Comité d’évaluation et de suivi.
Ce dossier qui concerne 375 projets, plus de 460 quartiers et 3 millions d’habitants, est loin d’avoir rempli toutes ses missions et pour les populations concernées le négatif l’emporte sur les quelques points positifs.

Le rapport déplore un trop fort déséquilibre entre démolitions et reconstructions qui « aggrave les tensions dans le secteur du logement social ».

La barre Alouettes-jardins qui fait partie des bâtiments à démolir 
Il s’alarme du décalage entre les caractéristiques du parc de logements démolis et celles des logements construits. Ceux-ci sont plus petits et plus chers, si bien que les familles nombreuses et les ménages aux revenus faibles vont à court terme pâtir de ces transformations. Même après déduction des aides au logement , les loyers et les charges augmentent pour 30% des ménages. Seuls les ménages aux revenus les moins faibles bénéficieront des transformations.

Le rapport souligne aussi le peu d’importance donnée aux équipements scolaires et le manque de développement des transports, des activités économiques et des activités commerciales.
La situation est telle que le président du comité d’évaluation M. Sabeg demande que « la rénovation urbaine ne soit pas un prétexte pour éloigner les populations dans le but de changer la sociologie des centres villes ».

L’architecte urbaniste Philippe Vignaud déclare quant à lui :
« L’urbain ne peut pas tout. Ce qui est cassé dans le champ social ne peut pas être réparé dans celui de l’urbain .
Il y a un pan de la société française qui est complètement en dehors du champ du travail. C’est là qu’est le fond du problème. Ces quartiers, à l’origine, représentaient une valeur : parce qu’ils étaient neufs , parce que leurs populations avaient du travail, parce qu’il y existait une certaine mixité sociale. Ca fonctionnait plutôt bien . Avec la crise ils se sont enfoncés dans le gouffre ou ils se trouvent maintenant.
Laisser accroire l’idée qu’on pourrait remplacer une politique sociale (formation, emploi, santé…) uniquement par une politique urbaine est un leurre profond , absolu. »

La dégradation des conditions de vie dans les quartiers populaires est bien la conséquence de l’augmentation du chômage et de la détérioration des services publics.

Par contre il est à noter que les grands bénéficiaires de ces opérations ANRU sont les patrons et les actionnaires des grandes entreprises du bâtiment. Alors que la quasi totalité des 11 milliards de crédit ont été dépensés, 2/3 seulement des opérations sont en cours de réalisation. Pourtant des crédits supplémentaires ont été attribués mais les entreprises font le chantage de laisser les chantiers en plan pour obtenir des rallonges . De 2003 à 2007 l’indice du cout de la construction a progressé de 24,6%.

Ce rapport confirme la nécessité que l’Etat crée un office public pour prendre directement en charge la construction de logements à prix coutant et en nombre suffisant.

Au moment où le Plan de Rénovation Urbaine d’Alfortville est en phase de démarrage, ces éléments donnent un éclairage qui confirme les craintes que nous pouvons avoir quant à la finalité de cette opération. La réalité vécue par les populations concernées est loin des objectifs affirmés.

Intervention à propos de la demande de déclaration d’intérêt général et d’utilité publique pour les opérations liées à l’ANRU (point 52)

Si j’approuve les constructions de logements a prix modérés et abordables, je ne considère pas qu’il soit d’intérêt général et d’utilité publique de démolir des logements sociaux.

L’opération ANRU s’est déjà traduite à l’autre extrémité de la ville, dans la ZAC des Bords de Marne par l’expulsion de travailleurs qui avaient trouvé à se loger, faute de mieux dans les taudis de ce secteur voués à la démolition. Une grande partie d’entre eux est toujours à la recherche d’un abri depuis l’entrée de l’hiver , sans que grand monde s’en émeuve. Je repose donc une nouvelle fois ce problème.

Par ailleurs, au nom de la priorité accordée au relogement des habitants touchés par les opérations de démolition de Chantereine-Alouettes, les attributions de logement sur la ville sont quasiment verrouillées. De nombreuses demandes sont donc en suspens plongeant des familles dans une grande détresse.
Du fait de la crise qui touche les ménages les plus pauvres, les difficultés à payer les loyers augmentent.
C’est pourquoi je demande une nouvelle fois que le conseil municipal se prononce en faveur d’un arrêté interdisant les expulsions de logement pour les locataires qui ne peuvent plus tout simplement payer leur loyer, et l’arrêt des procédures d’expulsion de Logial, l’organisme bailleur de la ville.

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