Article de 94 Citoyens
Tous les jours, Christian (prénom changé) passe 6 heures dans les rues de la capitale à vider les corbeilles publiques dans un camion-poubelle. Employé par la Sepur, l’un des prestataires de la mairie de Paris, basé à Alfortville, l’éboueur craint d’être infecté par le coronavirus Covid 19, faute de protection suffisante.
Depuis
plusieurs années, Christian arpente les rues de Paris à l’arrière d’un
camion-poubelle. Ripeur, il vide les sacs d’ordures pendant six heures,
entrecoupées d’une vingtaine de minutes de pause. Il y a quelques mois, la
Sepur (Société d’Entretien et de Propreté Urbaine) a recruté l’éboueur
expérimenté après avoir remporté un marché public de collecte de déchets de la
mairie de Paris. Ses tournées débutent et se terminent dans la zone d’activité
Val de Seine, dans le sud d’Alfortville, où la société a installé l’un de ses
centres de tri en 2009.
Alors que
l’épidémie de coronavirus Covid 19 a conduit au confinement généralisé et au
matraquage de messages sur les gestes barrière, l’agent s’inquiète de la
difficulté de les respecter dans son métier. «Les axes routiers sont plus
fluides mais il y a du monde sur les trottoirs. Les gens toussent, éternuent.
Nous retrouvons beaucoup de mouchoirs et de masques de protection usagés. Les
corbeilles ne sont pas fermées donc dès que c’est plein, il y en a partout»,
décrit-il.
Des masques
et des combinaisons jetables, voilà ce que voudrait Christian et ses collègues
pour aller bosser sereinement. «Tous mes collègues ont peur d’attraper
quelque chose. Nous avons une paire de gants en latex mais c’est loin d’être
suffisant. Nous aimerions avoir des masques, des combinaisons jetables ou
encore une prime de risque mais nous n’obtenons rien. Ils pensent que nous
sommes des machines», poursuit l’éboueur.
Au sein de
son dépôt, Christian raconte comment du jour au lendemain, son chef, dont
l’état de santé s’est subitement dégradé, a été mis en arrêt de travail. Un
mécanicien aurait également été renvoyé chez lui. «Notre hiérarchie ne nous
a pas avertis. Par contre, le jour suivant le départ du mécanicien, le
personnel travaillant dans les bureaux s’est mis en télé-travail!», déplore-t-il.
Craignant
d’être infecté, des agents ont demandé à leurs responsables à minima du gel
hydroalcoolique. «Il m’ont donné une petite bouteille avant de partir en
tournée. Lorsque j’ai eu besoin de m’en servir, je me suis rendu compte que
c’était du savon liquide. J’ai donc terminé la journée de travail avec les
mains collantes. Ils ne prennent pas du tout la situation au sérieux. Je doute
même qu’ils désinfectent les camions mais on ne sait rien», décrit
l’éboueur.
Pour le
ripeur, les agents de propreté ne sont pas traités dignement. Et de constater
également le manque de considération dans les permanences de Paris où ils
doivent récupérer leur plan de tournée et venir signer au début et à la fin de
la collecte. «Désormais, ils interdisent aux ripeurs d’entrer dans les
locaux. Il n’est plus possible non plus d’aller aux toilettes, alors, nous
sommes obligés de le faire dans la rue».
En fin de
journée, Christian tente de se désinfecter en rentrant chez lui, mail il reste
toujours inquiet d’avoir ramené le virus.
Une pétition pour réclamer des protections
C’est dans
ce contexte que les éboueurs de l’agence d’Alfortville ont lancé une pétition
en ligne à l’attention du ministre de la Santé pour demander davantage de
considération à leur égard et du matériel de protection adéquat. «S’ils
continuent à être oubliés, au fur et à mesure, avec les rues vides de voiture,
vides de population, les rats, les souris vont sortir le jour et vont s’occuper
de nos poubelles sous nos yeux à nos fenêtres, nous qui sommes confinés»,
avertissent-ils.
https://94.citoyens.com/2020/coronavirus-et-travail-la-galere-quotidienne-dun-eboueur,27-03-2020.html
https://94.citoyens.com/2020/coronavirus-et-travail-la-galere-quotidienne-dun-eboueur,27-03-2020.html