mercredi 28 février 2018

Travailleurs sans papiers : vive la grève pour la régularisation



Article Lutte Ouvrière 14 Février 2018

   Une centaine de travailleurs sans papiers d’Île-de-France, soutenus par la CGT, se sont mis en grève lundi 12 février et ont installé des piquets. Ils exigent leur régularisation, mais aussi le retrait de dispositions prévues dans la future loi sur l’immigration, qui vont rendre plus difficile la vie de tous les travailleurs sans papiers.

   Ces grévistes sont employés par six entreprises qui profitent de leur situation depuis des années. Comme à des milliers de travailleurs sans papiers, leur employeur ne leur paye qu’une partie des heures faites, ce qui peut aboutir à la fin du mois à un salaire de 700 ou 800 euros en travaillant tous les jours. Il leur confie les tâches les plus dures, celles que personne ne veut faire. Pour se faire embaucher, ces travailleurs ont souvent emprunté à un autre une identité et un numéro de Sécurité sociale. Les sociétés qui les emploient le savent, et cela leur permet un chantage permanent. Mais pour éviter les ennuis, elles ont recours à des sociétés d’intérim qui servent d’écran.

A STLG La Queue en Brie
   Ces grévistes appartiennent aux secteurs coutumiers de ces pratiques, comme le bâtiment, la cuisine ou la collecte des déchets. Ils travaillent aussi pour Chronopost, filiale de La Poste, ou GLS dans le colis express. Leurs employeurs refusent de signer une demande exceptionnelle d’admission au séjour, comme ils en auraient la possibilité en établissant un certificat de concordance reconnaissant la véritable identité de la personne travaillant sous un nom d’emprunt. L’emploi de travailleurs vulnérables, parce que sans papiers, leur est trop profitable, et la menace du licenciement est toujours présente.

   Au-delà de leur situation personnelle, les grévistes mettent en cause les dispositions de la loi asile et immigration, qui doit être présentée en Conseil des ministres le 21 février. Celle-ci prévoit entre autres que le salarié utilisant une fausse identité pourra être condamné à 75 000 euros d’amende et cinq ans d’emprisonnement. Déjà, les possibilités de régularisation se réduisent chaque jour au niveau des préfectures.

   Les travailleurs sans papiers n’en sont pas à leur première grève. En 2008 ils avaient ainsi gagné que leur bulletin de paye, y compris quand il n’était pas à leur nom, soit reconnu comme document permettant d’obtenir une régularisation à condition d’avoir le soutien de leur employeur. Macron veut revenir sur cet acquis obtenu par la lutte.

   Face à un gouvernement qui voudrait pourrir encore plus la vie des immigrés, la solidarité doit être une évidence. S’attaquer à la fraction sans papiers de la classe ouvrière, c’est s’attaquer à tous les travailleurs. Régularisation de tous les sans-papiers !



Article Lutte Ouvrière 28 Février 2018
 Travailleurs sans papiers : les grèves continuent

    Depuis le 12 février, 161 travailleurs sans papiers sont en grève pour leur régularisation, soutenus par la CGT. Ces grévistes sont répartis dans sept entreprises en Île-de-France.

   À Event Thai, un traiteur chinois dans le Val-de-Marne où il y a 14 grévistes sénégalais, les presque cent salariés de l’entreprise, en majorité chinois, travaillent 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Le rendement est très soutenu, pour produire en permanence des plateaux de nems, raviolis ou bouchées, entre autres. La salle de pause est trop petite pour accueillir tout le monde en même temps, et de toute façon la pause est variable, c’est-à-dire pratiquement inexistante pour tout le monde. Le salaire des travailleurs sans papiers est inférieur au smic et reste le même, qu’ils travaillent de jour, de nuit ou le week-end. Un simple appel téléphonique ou un SMS, et il faut rappliquer.

A Event-Thaï Chevilly Larue
   La plupart travaillent avec les papiers d’autres salariés, les « alias ». Cet alias touche sur son compte en banque le salaire à la place du camarade, puisque celui-ci s’est déclaré sous son nom. Libre à l’alias de redonner le salaire ou pas, en totalité ou pas, au camarade sans papiers. Souvent l’alias demande à être rémunéré en échange du prêt de son identité, la somme pouvant atteindre 400 euros par mois. Une fois retirée cette somme, le loyer de la chambre de foyer, et l’argent pour aider la famille au pays, il ne reste plus grand-chose pour vivre.

   Alors, ces camarades grévistes d’Event Thai étaient très contents et fiers, après quinze jours d’occupation des locaux, de voir leurs patrons céder et remplir tous les Cerfa ainsi que les attestations de concordance d’identité nécessaires pour constituer le dossier à déposer pour un titre de séjour.
L’occupation des locaux d’Event Thai continue, en attendant une nouvelle discussion entre la délégation CGT représentant les 161 grévistes des 7 entreprises occupées, le ministère du Travail et celui de l’Intérieur. La mobilisation n’est donc pas terminée et elle continuera tant que les 161 grévistes n’auront pas tous obtenu satisfaction. Ils vivent ici, ils bossent ici, ils restent ici !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire