En guise de vœux, Macron s’est livré à un exercice aussi hypocrite que convenu. Comme il l’avait déjà f
ait
y a six mois, et comme Sarkozy et Hollande avant lui, il a promis qu’il
n’y aurait plus de sans-abri. Mais il n’y en a jamais eu autant, et les
associations expliquent que l’hébergement d’urgence est saturé ! Quant
au droit d’asile, c’est un mot creux quand les réfugiés sont ainsi
pourchassés par la police. Pour gagner la France, ils sont amenés à
prendre des risques toujours plus grands, comme le franchissement de
cols des Alpes en plein hiver. Et le gouvernement veut encore durcir la
législation à leur encontre. Alors, placer sa politique sous le sceau de
la « fraternité » et de l’« humanisme », quelle fumisterie !
Les premières étrennes sont pour le patronat, avec les effets concrets
des ordonnances Macron-Pénicaud sur le Code du travail, dont des décrets
viennent d’être publiés.
Par exemple, la rupture conventionnelle
collective permet maintenant à des entreprises en parfaite santé de se
débarrasser de nombreux salariés sans même recourir à un plan social, ni
proposer de reclassements. PSA Peugeot-Citroën, qui a déjà supprimé
près de 25 000 emplois en cinq ans, en produisant plus de voitures et en
gagnant des milliards, veut y avoir recours. Pimkie, propriété du
groupe Mulliez, l’un des plus riches du pays (Auchan…), veut aussi
supprimer 200 emplois avec cette facilité offerte par Macron aux
patrons. Comme l’expliquait une syndicaliste, alors que les salariés
licenciés en 2010 par cette chaine de prêt-à-porter avaient pu recevoir
30 000 à 50 000 euros d’indemnités, une vendeuse licenciée en 2018 ne
recevra que l’indemnité légale, soit moins de 5 000 euros pour 15 ans
d’ancienneté. D’autres firmes préparent leurs sales coups.
Et encore n’est-ce que le début de la mise en œuvre d’une réforme entièrement dictée par le patronat.
Le gouvernement veut maintenant attaquer les demandeurs d’emploi.
Ceux-ci sont trop bien indemnisés au goût du patronat. Le projet est
donc de couper rapidement les allocations aux chômeurs qui refusent plus
d’une offre. Le gouvernement fustige la « fraude sociale ». En réalité,
même d’après les chiffres officiels, celle-ci est dérisoire par rapport
à la fraude fiscale, pratiquée par les grandes entreprises et par les
riches. Mais pour ceux-ci, le gouvernement déroule le tapis rouge :
suppression de l’impôt sur la fortune, plafonnement de l’impôt sur les
revenus du capital, baisse de l’impôt sur les sociétés : il n’est plus
nécessaire d’aller dans un paradis fiscal, la France en devient un !
Macron comble les vœux des riches. Publié la semaine dernière, le
palmarès Bloomberg montrait que les 500 plus grandes fortunes mondiales
avaient vu leur patrimoine augmenter de 23 % en un an. Quels salariés
pourraient en dire autant ? La fortune de Bernard Arnault, patron de
LVMH et 6e patrimoine mondial, a augmenté de 20 milliards d’euros en un
an, soit de 38 000 euros à chaque minute !
Pour les classes
populaires, c’est l’inverse. Au 1er janvier, le gaz (+ 7%), les taxes
sur les carburants, les timbres ou les assurances augmentent. La hausse
de la CSG de 1,7 point va frapper les retraités, d’autres aussi. Le
gouvernement se vante d’un « budget de pouvoir d’achat » pour 2018.
C’était un conte de Noël pour les petits enfants ! L’Insee elle-même
explique que la facture fiscale s’alourdira de 4,5 milliards. Et seuls
les naïfs apprécieront le cinéma autour de la suppression de la taxe
d’habitation : on tentera de nous la faire payer, d’une façon ou d’une
autre.
« Macron a fait les quelques réformes que nous attendions
depuis des années », s’est réjoui Pierre Gattaz, le président du Medef.
En effet. Et en cette période de bilan, la presse complaisante se joint
aux milieux patronaux pour féliciter Macron d’avoir réussi à faire
passer ses mesures, sans déclencher de contestation sociale. S’ils sont
soulagés, c’est qu’en fait, ils ont peur des travailleurs. Peur que les
salariés relèvent la tête et s’opposent à ces attaques en règle. Eh
bien, leurs craintes sont fondées !
Alors, nos vœux sont aux
antipodes de ceux de Macron. Nous souhaitons que 2018 soit l’année de la
riposte ouvrière. Que les travailleurs, qui font fonctionner toute la
société, rejettent tout fatalisme. Qu’ils rendent les coups que leur
portent le patronat et ses pantins du gouvernement. Nous souhaitons
qu’en 2018, le monde du travail ne subisse plus les attaques, mais
défende ses intérêts et impose ses revendications.