jeudi 28 juillet 2016

L’abjection du terrorisme ne justifie pas de faire bloc derrière Hollande, Sarkozy ou Le Pen

Communiqué de Lutte ouvrière 27 Juillet 2016

   On ne peut qu’être révulsé par l’attaque barbare dans une église de Saint-Étienne-du-Rouvray dans la banlieue de Rouen, par l’assassinat d’un homme de 85 ans et les blessures graves infligées à une autre victime. Cette nouvelle attaque, 15 jours après le massacre de Nice, vient alourdir le climat rendu pesant tant par le terrorisme lui-même que par la surenchère de toute la classe politique.

  En prenant pour cible une église, les chefs de Daech qui ont inspiré et revendiqué ces actes barbares veulent faire croire à une prétendue guerre de religion alors qu’ils ne cherchent qu’à asseoir leur domination sur des régions et sur des populations. À Nice comme au Bataclan, les victimes ont été assassinées au hasard, sans tenir compte de leur religion supposée. Au Moyen-Orient, là où Daech veut établir son pouvoir, les populations qui subissent sa terreur sont principalement musulmanes.
Intervenant juste après le drame, Hollande a appelé les « Français à faire bloc » face aux « terroristes qui veulent nous diviser, nous opposer... », ajoutant que « la guerre contre le fanatisme (...) sera longue ».

   Oui, les terroristes veulent diviser. Mais pour les travailleurs, faire bloc derrière ces politiciens qui stigmatisent les étrangers, sèment la peur et la haine, encourageant ainsi la montée du racisme, c’est se préparer des lendemains pires encore. Soutenir leurs interventions guerrières qui ont transformé le Moyen-Orient et toute une partie de l’Afrique en chaos sanglant, serait accepter que la barbarie qu’ils ont semée là-bas nous rattrape et nous frappe ici sans fin.

   Comment les travailleurs pourraient-ils faire bloc derrière les Hollande, les Sarkozy, les Le Pen ou leurs concurrents, prêts à toutes les polémiques pour accéder au pouvoir mais tous d’accord quand il s’agit d’attaquer les droits des travailleurs et de satisfaire les exigences patronales ?

  Oui les travailleurs doivent faire bloc, sans se laisser définir ni par leur religion supposée ni par leur prétendue communauté mais avec la conscience qu’ils font partie de la même classe sociale des exploités et que seule cette classe sociale a les moyens et l’intérêt de mettre fin à une organisation sociale basée sur l’exploitation, l’oppression, la violence sociale, et qui engendre cette barbarie.

jeudi 21 juillet 2016

États-Unis : cercle vicieux de violence

Publié dans le journal Lutte Ouvrière, traduction d’un article paru le 18 juillet dans le bimensuel trotskiste américain The Spark.

« Acte terroriste », c’est ainsi que la police a qualifié l’assassinat de policiers à Dallas puis à Baton Rouge.

C’en est peut-être un. Mais si c’est le cas, il n’est certainement pas surprenant que des individus isolés en viennent à attaquer la police. Une guerre ouverte s’est poursuivie dans les grandes villes, opposant les policiers à des gens, de jeunes hommes pour la plupart, et noirs le plus souvent mais pas toujours. Ce ne sont pas les policiers qui y comptent le plus de blessés ou de morts. Pour chacun des agents de police tués cette année, on compte des dizaines de civils tués par la police.

Alors il est possible que certains aient décidé de tuer des policiers en représailles, ou comme avertissement, ou dans l’espoir d’arrêter les tueries.
Si c’est le cas, ils se trompaient on ne peut plus lourdement. La population noire sait de longue date que les actions individuelles ne peuvent faire reculer l’oppression – seule la force de la population mobilisée de manière organisée en est capable.

La question des assassinats par la police n’a pas pour point de départ la police elle-même, bien que certains policiers soient si brutaux, racistes, ou les deux qu’ils amplifient le problème.
Elle commence avec une société qui, des décennies durant, a privé des générations de jeunes de la possibilité d’avoir un jour un travail, et l’éducation qui leur rendrait des métiers accessibles. Cette société a transformé des parties importantes des grandes villes en terrains vagues. Les centres de loisirs, où les jeunes pouvaient s’éveiller, ont été fermés. Les parcs ont été fermés et leurs équipements retirés ou non remplacés, afin de détourner les fonds publics vers des intérêts privés. Les écoles ont été cédées à des entreprises privées à but lucratif. De larges pans des villes moyennes et grandes ont été dévastés par des banques qui ont enchaîné une arnaque aux prêts immobiliers après l’autre.

De l’argent pour les emplois, pour la formation ? Non, la société capitaliste a préféré utiliser l’argent public pour les prisons. Au lieu d’écoles, les dirigeants de cette société ont construit des prisons. Au lieu de formation professionnelle, ils ont offert une formation au crime. Des millions de jeunes ont ainsi subi le régime carcéral.

Est-il étonnant que beaucoup en soient enragés, désespérés ?

Telle est la situation que les dirigeants de la société confient aux policiers, quand ils leur demandent de maintenir l’ordre dans cette société chaotique. Est-il surprenant qu’ils finissent parfois par tirer ?
Quiconque pense que nous assistons à la fin de la violence fait un vœu pieux.

La société capitaliste est fondée sur la violence. La violence se poursuivra jusqu’à ce que cette société soit renversée et supplantée par une autre, plus humaine, que les travailleurs construiront.
The Spark

dimanche 10 juillet 2016

Encore un drame du logement, conséquence de l’opération ANRU Alouettes



Le 30 juin au petit matin, le dernier habitant de la tour 17 quai de la Révolution à Alfortville a été expulsé manu militari de son logement puis placé en garde à vue par une escouade d’une trentaine de policiers armés et équipés comme pour une opération anti-terrroriste.

Les méthodes du  sénateur-maire Luc Carvounas sont bien similaires à celles de son ami le premier ministre Manuel Valls vis-à-vis des travailleurs en lutte contre la loi El Khomri  ou contre les plans de licenciement comme à Air France il y a plusieurs mois : déploiement massif de forces policières, arrestations au petit matin, garde à vue, procès.
  
Cela fait plusieurs années que cette opération ANRU qui vise à démolir la plupart des anciens logements du quartier des Alouettes : Tours et barre, (2 tours doivent être démolies dans les mois à venir) génère de multiples conflits avec les locataires de Logial, l’organisme bailleur de la ville.

Les logements proposés sont la plupart du temps plus petits  que les anciens qui étaient vastes , spatieux avec beaucoup de lumière et de l’espace aux alentours. Certes ce quartier avait besoin d’importants travaux de rénovation car très peu avait été fait depuis la construction des immeubles et logements dans les années 1970. Mais il  n’y avait pas besoin de tout démolir pour cela. Quel gâchis que cette destruction d’un quartier ou pendant plusieurs dizaines d’années avaient vécu plusieurs milliers de personnes qui avaient aménagé leurs appartements , se connaissaient au travers de toute une vie de quartier, s’étaient construit des amitiés de voisinage.

Et tout cela pour des logements plus exigus, avec souvent plus de vis-à-vis, moins d’espace, de qualité médiocre. Logements proposés sur plan sans laisser de possibilité de visite. Et au final qui reviennent plus cher.
Beaucoup de locataires ont du quitter leur ancien logement avec regret, contraints et forcés en conflit avec Logial.

Le logement pour les classes populaires est victime des restrictions de crédit qu’imposent les gouvernements successifs tant de droite que de gauche depuis des années, et des choix qu’ils font  de favoriser le secteur privé de l’immobilier comme ils arrosent de crédits le patronat au détriment des services publics.