Editorial
Lutte Ouvrière 06/06/2016
Grève à la
SNCF ; des raffineries qui continuent de tourner au ralenti ; grève
des pilotes d’Air France prévue en fin de semaine ; des rassemblements et
des manifestations… la contestation contre la loi El Khomri se poursuit avec
l’objectif d’une grande manifestation nationale le 14 juin.
Les
inondations et maintenant l’Euro de football, sont utilisés comme autant de
prétextes pour faire taire les revendications des travailleurs. Après avoir été
assimilés à des casseurs et même à des terroristes, les grévistes et les
manifestants sont désormais traités d’« irresponsables », coupables
de manquer de solidarité, de ternir l’image de la France et de mettre
l’économie à terre…Tous les moyens sont bons pour dénigrer la mobilisation.
Hollande
explique que « personne ne comprendrait » que les grèves se
poursuivent, tandis que Valls qualifie celle des cheminots
d’« incompréhensible ». Mais pour qui nous prennent-ils ?
Les
travailleurs se battent depuis trois mois. Ils ont enchaîné les journées de
grève et de manifestation pour gagner un bras de fer que le gouvernement leur a
imposé. Tant que le gouvernement s’entêtera à faire reculer les droits des travailleurs,
ces derniers se battront, et ils ont raison.
Toutes ces
grèves font partie d’un seul et même mouvement : celui de travailleurs qui
veulent arrêter l’offensive patronale.
Des
cheminots jusqu’aux pilotes d’avion en passant par les ouvriers de Peugeot,
cette offensive prend exactement la même forme : celle de plans de
compétitivité où les salariés sont censés travailler plus longtemps avec plus
de flexibilité et moins de compensations salariales, quand il ne s’agit pas de
baisser purement et simplement les salaires comme à Air France.
Tout cela
alors qu’à Peugeot-Citroën comme à Air France, on se vante des bons résultats
et que les actionnaires se frottent les mains. Tout cela alors que le PDG de
PSA a doublé son salaire pour atteindre 5,24 millions d’euros en 2015, soit
14 356 euros par jour, dimanches et fêtes compris, et que celui d’Air
France-KLM s’est augmenté de 65 % !
Presque
partout les travailleurs sont confrontés à la même arrogance et au même
chantage patronal. Alors, le gouvernement peut parer sa loi et le
« dialogue social » de toutes les vertus, aucun travailleur n’est
dupe : si le patronat peut, par accord d’entreprise, déroger aux droits
inscrits dans les conventions collectives, toutes ces attaques se multiplieront.
Oui, les
travailleurs ont à se battre sur deux fronts : dans leur entreprise pour
se défendre des mauvais coups patronaux et à l’échelle du pays pour s’opposer
au gouvernement et à la loi Travail. Mais il s’agit d’une seule et même
bataille.
En restant
mobilisés et tenaces depuis trois mois, les travailleurs ont commencé à se
faire craindre du gouvernement et du patronat. Les concessions que le
gouvernement a faites pour répondre aux revendications catégorielles des uns ou
des autres en sont la preuve.
Mais les
travailleurs n’ont modifié le rapport de force en leur faveur que parce qu’ils
se sont adressés à l’ensemble de la classe ouvrière et se sont rassemblés,
jeunes, moins jeunes, salariés du privé comme du public, salariés petites
entreprises comme des grandes.
Car n’en
déplaise aux calomniateurs de tout poil, ce mouvement ne se réduit pas à
l’action de « minorités violentes » qui seraient manipulées par un
appareil syndical. Il est le fruit de la mobilisation consciente de centaines
de milliers de travailleurs.
La durée et
la détermination de ce mouvement résident dans le rejet massif de la loi El
Khomri.
Même ceux qui n’ont pas participé aux grèves ou aux
manifestations se reconnaissent dans ce que dénoncent les opposants à la loi El
Khomri et dans le ras-le-bol général qu’ils expriment.
Il faut que
cela continue. La manifestation nationale à Paris mardi 14 juin sera une
nouvelle occasion d’affirmer les intérêts du monde ouvrier. Pour être réussie,
cette journée doit se préparer dans les ateliers, les bureaux et les
entreprises de sorte que le maximum de salariés répondent présents et viennent
renforcer le camp de ceux qui ne veulent plus se taire quand on les attaque.
En 2009, Sarkozy fanfaronnait en disant que « désormais quand il y a une grève en France, personne ne s’en aperçoit ». Eh bien, les choses ont changé. Et tout patrons ou ministres qu’ils soient, ces Messieurs vont devoir s’habituer à être contestés, parce que nous sommes de plus en plus nombreux à penser que la loi n’a pas à être faite par le grand patronat.
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