Editorial Bulletins
d'entreprise Lutte Ouvrière 7 Mars 2016
Les
travailleurs rejettent massivement la loi El Khomri. Et pour cause ! Cette
réforme est une démolition du Code du travail, un recul grave pour l’ensemble
du monde du travail.
L’allongement
du temps de travail, les heures supplémentaires décomptées sur plusieurs années
et moins majorées, le plafonnement des indemnités prud’homales, la facilitation
des licenciements économiques… tout cela vaudra pour tous les
travailleurs.
Les plus
jeunes sont spécifiquement attaqués puisque les apprentis de moins de 18 ans
pourront se voir imposer des journées de 10 heures. Les précaires aussi puisque
la loi prévoit le non-paiement des jours fériés pour les intérimaires.
Et si les
femmes ne sont pas spécialement visées, ce sont bien elles qui seront les plus
frappées par la disposition généralisant les temps partiels inférieurs à 24
heures. Ce sont elles qui subiront le plus gravement la réduction des droits
aux congés famille. Et que dire des conséquences pour les femmes, si la loi
permet aux patrons de modifier les horaires de travail du jour au lendemain,
avec des délais de prévenance réduits ?
Cette loi
est un recul pour les ouvriers, les employés, et même pour les cadres. C’est un
recul pour les CDI comme pour les CDD et les intérimaires. C’est un recul pour
les jeunes, pour les femmes.
Alors la seule réponse à la tentative du
gouvernement qui consiste à opposer les précaires aux embauchés, les chômeurs
et les jeunes aux autres salariés, c’est de se battre tous ensemble.
Valls a
reporté la présentation en Conseil des ministres pour essayer d’amadouer les
confédérations syndicales. M ais l’avant-projet de loi comporte 131 pages et il
n’y en a pas une de bonne pour les travailleurs.
Alors
qu’est-ce que peuvent bien aller discuter les confédérations syndicales ?
Que le plafond de l’indemnité pour licenciement abusif remonte un peu ?
Que la définition des licenciements économiques ne change pas ? La belle affaire,
quand le patronat se débrouille pour licencier 800 000 personnes par
an !
Le
gouvernement espère qu’en lâchant du lest, il pourra faire avaler la pilule. Ne
tombons pas dans le piège où se complaisent certaines confédérations
syndicales, comme la CFDT. Il faut le retrait pur et simple de cette loi.
On
n’obtiendra le retrait de cette loi qu’en se mobilisant massivement dès
mercredi 9 mars.
Cette date a
émergé de diverses initiatives, en particulier de celle des organisations de
jeunesse. Ce n’est que pressée par les travailleurs du rang que la
confédération CGT, qui avait prévu une action pour le 31 mars, s’y est ralliée.
La variété de ses appels, voire des lieux de rassemblement comme à Paris,
témoignent de ses tergiversations.
Cela ne doit
pas arrêter ceux qui veulent riposter. Les chefs syndicaux ont leurs calculs et
leurs arrière-pensées. Les travailleurs, eux, n’ont qu’un seul et même
intérêt : celui de se battre tous ensemble et d’engager le bras de fer
avec le gouvernement.
Prévue de
longue date par les syndicats, il y aura aussi, le 9 mars, une journée de grève
à la SNCF. Les cheminots luttent justement contre la démolition de leur
réglementation du travail, qui n’est rien d’autre qu’une déclinaison de la loi
El Khomri dans le transport ferroviaire. Loin de s’opposer, ces deux
mobilisations ne peuvent que se conforter.
Il en sera
de même avec la grève dans les bus et le métro parisiens. Car, quelles que
soient les revendications spécifiques des uns ou des autres, toutes ces
mobilisations relèvent d’un même ras-le-bol. De ce ras-le-bol d’être ceux qui
ont fait tous les sacrifices depuis que la crise a éclaté et qui ne le
supportent plus.
Ajouter et
unir ces colères est le seul moyen de peser sur le gouvernement et de le faire
reculer. Seuls, entreprise par entreprise, les travailleurs ne font pas le
poids face au gouvernement et au patronat réunis, mais collectivement, ils
représentent une force colossale. C’est ainsi que dans le passé, les
travailleurs en lutte se sont fait craindre et respecter par le gouvernement et
le patronat.
Dès le 9
mars, soyons nombreux en grève et dans les manifestations. Si le succès est au
rendez-vous, cela redonnera confiance et l’envie de se mobiliser à d’autres
travailleurs. Car cette journée ne doit pas être sans lendemain. Un appel est
déjà lancé pour le 31 mars et une véritable mobilisation peut se construire.
Le patronat
démolit nos emplois et nos conditions de travail. Avec cette loi, les choses
empireront encore. Il faut dire à Hollande et au patronat qu’on ne veut pas de
leur loi. Hollande fait pire que la droite, combattons sa politique aussi
résolument que si elle venait de la droite.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire