Editorial Lutte Ouvrière 1er Septembre 2014
Valls et Gattaz à l'université d'été du Medef |
Valls et Hollande déclarent que quoi qu’il arrive ils poursuivront leur politique et qu’ils iront même « plus vite et plus loin ». Mais pour faire quoi ? Et pour réussir quoi ?
La crise dont Hollande, Valls et les ministres successifs nous annonçaient la fin est toujours là. La courbe du chômage dont ils nous annonçaient « l’inversion » va toujours dans le même sens. Cela ne les empêche pas de dire que leur priorité absolue serait la lutte contre le chômage et pour la création d’emplois. C’est une très mauvaise plaisanterie.
Quand on lui parle de créer des emplois, le patronat répond que
d’abord il faut la croissance de l’économie et que pour cela il faut lui
faciliter la tâche. Il veut qu’on lui facilite les licenciements, qu’on
allège ses impôts et ses obligations. Les gouvernements lui obéissent
et puisent même dans les caisses de l’État pour le subventionner, comme
le font Valls et Hollande avec leur « pacte de responsabilité ». Ils lui
versent des dizaines de milliards, et c’est autant d’argent qui manque
pour les dépenses utiles à tous, du logement aux transports et de la
santé à l’éducation.
Évidemment, la seule croissance que cela apporte est celle des bénéfices du grand patronat. Mais, en fait, c’est bien celle-là qu’il demande et la seule qui l’intéresse. Peu lui importe de créer des emplois, au contraire le chômage élevé est une opportunité dont il profite pour faire du chantage à l’embauche, pour imposer bas salaires et précarité… et pour réclamer encore plus de mesures en sa faveur.
Évidemment, la seule croissance que cela apporte est celle des bénéfices du grand patronat. Mais, en fait, c’est bien celle-là qu’il demande et la seule qui l’intéresse. Peu lui importe de créer des emplois, au contraire le chômage élevé est une opportunité dont il profite pour faire du chantage à l’embauche, pour imposer bas salaires et précarité… et pour réclamer encore plus de mesures en sa faveur.
Tout cela est une monstrueuse imposture. Mais ce que veulent Hollande
et Valls, c’est d’abord convaincre le patronat qu’il peut compter sur
eux pour la poursuivre. Le remaniement gouvernemental et les coups de
menton de Valls sont aussi là pour le lui démontrer. Valls a ainsi pu
aller à l’université d’été du Medef déclarer qu’il « aime
l’entreprise », autrement dit les patrons, et se faire applaudir.
En appelant à soutenir cette politique entièrement destinée à la
satisfaction du patronat, Hollande et Valls se moquent ouvertement des
travailleurs. D’après eux, ceux-ci devraient accepter les licenciements
et les fermetures d’entreprises pour les uns, l’augmentation des
horaires et des cadences de travail pour les autres, la diminution des
droits pour tous, sous prétexte d’aider l’économie à repartir !
En fait, Hollande et Valls savent très bien qu’eux et le Parti
socialiste vont continuer à se discréditer auprès de leur électorat.
Mais ils sont prêts à le faire jusqu’au bout pour satisfaire le
patronat.
De son côté, la fraction du Parti socialiste qui a été écartée du
gouvernement, autour de Montebourg et de ceux qui se nomment les
« frondeurs », est maintenant sur la réserve. Elle sait elle aussi que
le gouvernement va continuer à subir un discrédit, mais espère éviter
d’en être touchée. Elle voudrait même pouvoir prétendre d’ici un an ou
deux, à l’approche de prochaines élections, qu’elle aurait eu une autre
politique à défendre, qui aurait mieux marché. Mais laquelle ?
Montebourg ne dit rien contre la politique de subventions au grand
patronat. Il fait diversion en s’en prenant à l’Allemagne, l’accusant
d’imposer l’austérité car il voudrait qu’en France l’État puisse faire
plus de déficit. Montebourg voudrait pouvoir consacrer encore plus
d’argent à aider le grand patronat, mais cela aussi serait payé d’une
façon ou d’une autre par les classes populaires.
Ce n’est pas de ce côté-là que les travailleurs peuvent chercher un
sauveur. Bien sûr, c’est encore moins du côté de la droite, qui n’a rien
d’autre à proposer, ni de l’extrême droite de Le Pen, qui derrière ses
discours ne fait que proposer la même chose, si possible en pire.
Alors, comme le dit « L’Internationale », il n’y a pas de sauveur
suprême. Ce gouvernement, comme les précédents, est l’ennemi déclaré des
travailleurs, le soutien déclaré du patronat, et pour défendre leurs
intérêts ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes. En réalité, c’est
beaucoup car, à condition de savoir s’organiser et lutter tous ensemble
pour leurs intérêts vitaux, les travailleurs peuvent représenter une
force invincible. Il est urgent pour eux de s’en servir.
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