Le 1er mai commémore un jour de combat,
pas une confrontation électorale
Choisir le 1er Mai pour organiser un rassemblement électoral était une
provocation de la part de Sarkozy et ressentie comme telle par les
travailleurs. Ils l’ont montré en faisant des manifestations un succès.
Sarkozy n’a pas de quoi se vanter de la participation à son
rassemblement. La droite comme l’extrême droite s’appuient sur une
solide base de possédants petits et grands, bien réactionnaires, pour
qui travailler c’est entreprendre et s’enrichir, et à qui les seuls mots
de « syndicat », « revendications », « mouvement ouvrier » donnent des
boutons. Que Sarkozy les baptise les « vrais travailleurs » montre
seulement la morgue de ce beau monde.
Le 1er Mai a été choisi par la Deuxième Internationale comme Journée
internationale des travailleurs, une journée de combat contre les
possédants, une journée consacrée à l’unité de la classe ouvrière face à
la classe capitaliste.
Son histoire a été marquée par la fusillade de
Fourmies où neuf travailleurs sont morts pour avoir manifesté contre les
ancêtres de ceux qui étaient, hier, les uns au Trocadéro et les autres à
l’Opéra.
La gauche réformiste a contribué, au fil des ans, à transformer une journée de combat en une innocente Fête du muguet. Dans de nombreux pays, cela reste une journée de lutte !
Tous les commentateurs se sont évertués à transformer les rassemblements et les manifestations du 1er Mai en sous-produits de l’affrontement électoral entre Hollande et Sarkozy.
Si, comme c’est vraisemblable, Sarkozy n’est pas réélu, l’électorat populaire y sera pour quelque chose. Mais son remplacement à l’Élysée sera probablement le seul motif de satisfaction pour les travailleurs. Car, pour le reste, le valet parti, restent les maîtres : le grand patronat, les banquiers, les grands groupes industriels et financiers qui ont fait la pluie et le beau temps sous la présidence de Sarkozy, comme ils l’ont fait sous celle de ses prédécesseurs et comme ils continueront à le faire sous celle de son successeur.
Et leur politique future n’est un mystère que pour les naïfs et les menteurs patentés. À titre individuel, les patrons capitalistes continueront à faire des économies sur le dos de leurs travailleurs en bloquant les salaires, en augmentant les cadences et le rythme de travail, en supprimant des emplois pour faire faire toujours plus de travail par toujours moins de personnel.
À titre collectif, le grand patronat, les marchés financiers exigeront du futur gouvernement une politique d’austérité pour les classes populaires afin que l’État puisse leur consacrer toujours plus d’argent. Ils exigeront que soient vidées de contenu ou supprimées les quelques lois sociales qui protègent les travailleurs face à l’arbitraire patronal.
Les marchés financiers voudraient supprimer le contrat à durée indéterminée (CDI). Dans les faits, les patrons ont déjà commencé à le faire en multipliant les contrats précaires mais ils voudraient bien que la précarité devienne la règle légale.
C’est dire que, quel que soit le président, nous ne ferons pas l’économie d’une lutte. Dans cette période de crise qui rend plus féroce la lutte de classe menée par le patronat, aucun président ne protégera les intérêts des salariés. C’est impossible sans affronter le patronat. Que Sarkozy ne le veuille pas, c’est une évidence puisqu’il est l’homme du grand patronat. Hollande ne le veut pas plus, et il n’en aurait pas le courage.
Non, les travailleurs n’ont rien à espérer du côté de l’Élysée ! Mais ils ont eux-mêmes la force collective de faire reculer le grand patronat. Le grand patronat n’établit pas son agenda de licenciements et de mesures anti-ouvrières en fonction du calendrier électoral. Combien de fermetures d’entreprise déjà annoncées, combien d’autres qui, sans être annoncées, sont déjà programmées ?
Il est indispensable qu’une fois les urnes rangées, les travailleurs oublient leurs divisions aussi bien en fonction de leur vote que, à bien plus forte raison et malgré la démagogie crasse de la droite et de l’extrême droite, en fonction de leur nationalité et de leur origine.
Ensemble, nous pouvons imposer au patronat l’interdiction des licenciements et la répartition du travail entre tous avec maintien du salaire. Nous pouvons imposer l’indispensable augmentation des salaires et des retraites et la protection de leur pouvoir d’achat par leur indexation sur les hausses de prix.
Ensemble, la classe ouvrière a la force et les moyens de contester la dictature des groupes financiers sur les entreprises, sur l’économie et d’imposer un contrôle sur les comptes et les projets des entreprises. Nous avons la force d’imposer tout cela ! Apprenons à nous en servir efficacement !