mercredi 31 août 2016

Le PS roule à droite, et la droite double sur l'extrême droite

Editorial Lutte Ouvrière 30 Août
   
La rentrée a donné le coup d'envoi de la campagne présidentielle. À droite, tous les candidats se sont jetés dans l'arène de la primaire. Les sorties de Fillon contre les « mis en examen » et « ceux qui ne devraient pas pouvoir se présenter devant les électeurs » visent ouvertement Sarkozy et marquent le début du pugilat.

    Ils sont tous d'accord pour reculer encore l'âge de la retraite. D'accord pour considérer que les salariés ne travaillent pas assez et qu'il faut mettre fin aux 35 heures. D'accord pour dire que les fonctionnaires sont trop nombreux, et les chômeurs trop bien traités. D'accord pour baisser les impôts patronaux et faire reculer les services publics.
    Leurs différences sont purement tactiques. Juppé parie sur un rassemblement du centre et de la droite. Sarkozy, lui, veut exploiter la peur des attentats, les amalgames et les préjugés contre les musulmans et les immigrés en renchérissant dans les domaines sécuritaire et identitaire.
    Pour mieux flatter l'électorat qui lorgne vers le FN, Sarkozy a intégré dans son programme l'intégralité de celui de Le Pen. Il se positionne, entre autres, pour la suspension du regroupement familial, pour la remise en cause du droit du sol, pour l'interdiction du voile dans l'espace public, et même pour une loi contre le burkini. Comme si la lutte contre le terrorisme dépendait de l'interdiction de cette tenue de bain !
    Autant dire que les travailleurs n'ont rien de bon à attendre de cette primaire de droite. Il en sortira un candidat ouvertement anti-ouvrier et une atmosphère un peu plus empoisonnée par les préjugés contre les immigrés, les musulmans et les « assistés » que seraient les plus pauvres.
    Si Sarkozy ou Juppé peuvent nourrir l'espoir de revenir à l'Élysée malgré leur passif politique, on le doit à la politique de Hollande et au Parti socialiste. Les socialistes se disent choqués par la violence des programmes à droite. Mais la droite ne fait que reprendre le travail là où le laissent Hollande, Valls et Macron.
    Si les Sarkozy et Juppé peuvent parler de la retraite à 64 ou 65 ans, c'est que Hollande l'a laissée à 62 ans, malgré ses promesses. S'ils promettent de réduire de 100 milliards les dépenses publiques, c'est qu'Hollande a justifié 50 milliards de coupes. S'ils envisagent de faire sauter les 35 heures, c'est que les lois Macron et El Khomri ont fait sauter nombre de barrières.
    Quant à la surenchère anti-immigrés et anti-musulmans, Valls et son gouvernement y auront bien contribué, que ce soit avec la polémique sur la déchéance de nationalité ou celle sur le burkini.
    En 2012, Hollande a été élu sur la base du « tout sauf Sarkozy ». Aujourd'hui, Sarkozy et ses compères espèrent profiter du « tout sauf Hollande », quand le FN, lui, mise sur le « tout sauf Hollande et Sarkozy ». Mais la politique qu'ils mèneront en 2017 est celle que Sarkozy a menée de 2007 à 2012 et celle que Hollande a poursuivie depuis 2012.
 
   Alors, quel que soit celui qui sortira des urnes, les travailleurs devront continuer de se battre. S'y préparer, c'est continuer de faire de la politique comme les travailleurs en ont fait en s'opposant à la loi El Khomri et en affirmant leurs intérêts de classe contre le patronat.
    Les actions prévues le 15 septembre permettront d'affirmer que si la loi travail est passée au Parlement, elle n'est pas passée dans les têtes, et que son application sera combattue. Mais cette conscience de classe, la dignité et les intérêts des travailleurs peuvent et doivent aussi s'exprimer dans la campagne électorale.
    Rien n'oblige à entrer dans le jeu consistant à choisir celui qui nous portera les coups à partir de mai 2017. Contre des candidats anti-ouvriers, xénophobes ou chantres du nationalisme, les travailleurs peuvent exprimer leur colère et leurs intérêts vitaux. Ce sera le sens de la présence de Nathalie Arthaud dans cette élection.
  Ils mèneront, tous, la politique du patronat et des plus riches. Car tous -Front national, frondeurs du PS et Mélenchon compris- sont unanimes : il revient au grand patronat de gérer l'économie. Et la loi du profit et de la compétitivité comme l'exploitation seraient incontestables.
   Les responsables de droite en appellent à s'abstenir de toute attaque personnelle et demandent un débat d'idées. Mais cette primaire ne peut être qu'un combat de coqs puisque sur le fond, ils partagent les mêmes idées.

mardi 16 août 2016

Barbarie au quotidien, barbarie sociale

Editorial Lutte Ouvrière 15/08/2016

   Le rejet de la demande de libération conditionnelle de Jacqueline Sauvage aurait pu passer pour un fait divers parmi bien d’autres si son affaire n’était pas devenue un symbole des violences conjugales. Et bien au-delà, un indice de la situation de la femme dans cette société.
   Jacqueline Sauvage, une femme de 68 ans aujourd’hui, a été condamnée à dix ans de prison pour avoir tué son mari. Pendant quarante-sept ans de vie conjugale, elle a subi la violence de ce mari qui battait sa femme, ses enfants et violait ses filles. Jusqu’à ce jour de 10 septembre 2012 où elle prit un fusil, tira sur son mari et le tua.

   Alors qu’elle était victime d’un mari au comportement monstrueux, la Cour d’Assises la condamna sans même retenir la légitime défense. La Cour d’Appel confirma le jugement.
   Il n’est, bien sûr, pas facile de savoir au juste ce qui se passait dans l’intimité d’un couple et dans l’étroit cercle des relations familiales. Mais justement, le soutien des filles à leur mère et les témoignages des voisins et des proches ont fait sortir l’affaire de ce cercle étroit. Les témoignages ont tous attesté de la brutalité du mari et rendu indéniable le fait que Jacqueline Sauvage a été longtemps une victime avant que, poussée à bout, elle prenne un fusil.

   Des collectifs féministes ont vu un cas exemplaire dans celui de Jacqueline Sauvage. Au-delà de la brutalité pathologique du mari, ils ont mis en cause l’hypocrisie sociale qui entoure la violence dont sont victimes des milliers de femmes de la part de leur conjoint. Une hypocrisie dont les institutions juridiques sont les principaux vecteurs. Une hypocrisie destinée à dissimuler le fait que l’égalité proclamée entre hommes et femmes dans nos sociétés de pays riches qui se veulent civilisées est une fausse égalité.
   Une pétition pour demander la grâce de Jacqueline Sauvage recueillit 430 000 signatures.
   Hollande, seul habilité à accorder la grâce, a fini par réagir mais à sa façon, lâche même sur ce terrain sociétal. Il a pris une décision politique, pour ne pas dire purement électorale, en tentant de plaire à la fois aux milieux féministes qui voulaient au moins raccourcir la peine de Jacqueline Sauvage et aux milieux réactionnaires qui ne voulaient pas en entendre parler. Dans ces milieux, la famille est d’autant plus adulée qu’elle constitue une prison pour la femme, la justification de sa subordination à l’homme. Il faut que la femme reste à sa place, même dans une affaire aussi dramatique que celle d’une mère, soumise à torture pendant des décennies et qui n’a su se défendre qu’en tuant son mari.
   Hollande a accordé une grâce… mais partielle qui permet seulement de demander une libération conditionnelle plus tôt que prévue dans la loi. La responsabilité de la décision était ainsi renvoyée au juge d’application des peines. Celui-ci, s’appuyant sur une commission d’experts qui a émis un « avis défavorable », a donc décidé que Jacqueline Sauvage resterait en prison. Dans les attendus de cette décision, la condamnée se voit reprocher « sa part de responsabilité dans le fonctionnement pathologique de son couple » et, plus encore d’être responsable de « l’importante médiatisation de l’affaire ». Femmes battues, souffrez donc, mais acceptez en silence ce que la justice décide !
  La famille de Jacqueline Sauvage, une famille d’entrepreneur, n’est pas particulièrement défavorisée. Mais son affaire reflète d’autant plus la dégradation de la condition de la femme.

  Charles Fourier, un des premiers socialistes au temps lointain où ce mot avait un sens, affirmait en substance qu’on reconnaissait le degré de civilisation d’une société au degré d’émancipation des femmes. Les démêlés de Jacqueline Sauvage avec la justice témoignent du conservatisme social et du rôle de l’État pour le préserver. Ils témoignent que, dans le domaine des relations entre hommes et femmes comme dans bien d’autres, la société n’est pas sortie de la barbarie.
   Mais comment pourrait-il en être autrement ? Comment imaginer, dans quelque domaine que ce soit, des relations d’égalité entre êtres humains tant que perdure et s’approfondit l’inégalité fondamentale entre riches et pauvres, une minorité qui exploite la majorité qui travaille, et vit en parasite sur la société ? Les rapports sociaux du capitalisme pourrissent toutes les relations humaines.
Libérer la société des chaînes de l’exploitation est la condition nécessaire sinon suffisante pour mettre fin à toutes les formes d’oppression. C’est le préalable à l’émancipation de tout le genre humain.

samedi 6 août 2016

Baisse voire suppression de l'allocation logement... pour faire baisser les loyers . De qui se moque t'on !


  Dès ce mois d'août, 78 000 locataires devraient voir leur allocation logement (APL) diminuée, et même supprimée pour 16 000 d'entre eux, quand le loyer est jugé trop cher.


   La raison ? Le gouvernement met en place un nouveau barème, calculé en juillet, qui exclut les logements jugés trop chers. Il prétend hypocritement que cela permettra de faire baisser les loyers. En fait, il s'agit de faire des économies sur le budget du logement, pour continuer d'arroser le patronat.

   Ce gouvernement pusillanime recule devant les seules mesures de bons sens qui permettraient de résoudre la question du logement pour les classes populaires : construire des logements sociaux en grand nombre, et d'ici à ce qu'ils soient disponibles, encadrer les loyers des logements existants.
Au lieu de cela, il s'attaque aux plus faibles en programmant  une coupe de un à deux milliards sur les budgets sociaux.

   Cette mesure aboutira à pénaliser doublement ceux qui ont peu de moyens et doivent déjà subir des loyers hors de prix. Elle obligera encore plus les pauvres à abandonner les centres des villes chères et à allonger leurs temps de transports.

  Et parmi les foyers affectés par cette mesure scélérate, combien de personnes âgées qui occupent leur logement depuis des décennies risquent d'être littéralement chassées de chez elles dans les prochaines semaines ?



  

jeudi 4 août 2016

Chômage : écran de fumée

 
Brève Lutte Ouvrière

   L'hebdomadaire Le Canard enchaîné a publié une note interne à Pôle emploi, où la direction demande à ses cadres de mettre en stage 500 000 chômeurs.

Chaque conseiller doit trouver 15 nouveaux stagiaires tous les mois. De la sorte ce serait un demi-million de chômeurs de catégorie A, B ou C qui passeraient en catégorie D... Ce qui embellirait opportunément les statistiques officielles.

Hollande a promis qu'il baisserait les chiffres du chômage... mais pas le nombre de chômeurs !